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Exploité à ciel ouvert, le site d’orpaillage de Koflatié dans le Cercle de Kangaba voit affluer une majorité d’enfants qui, séduits par l’appât de l’or, abandonnent leurs études pour s’y consacrer. Koflatié s’anime dans un ballet poussiéreux où filles et garçons, pioches et tamis à la main, s’acharnent sur une terre sèche, rêvant d’un avenir meilleur au détriment de leur scolarité. Reportage Sous un soleil brûlant de ce vendredi 14 mars, le site d’orpaillage de Koflatié, situé à 35 km de la ville de Kangaba, est bruyant. Une dizaine de filles, âgées de 12 à 17 ans, s’affairent dans un ballet poussiéreux au bord d’une petite rivière aux eaux troubles. Le bruit des pioches qui frappent la terre sèche résonne, mêlé aux éclats de voix et aux rires sporadiques qui percent la chaleur étouffante. Aucune silhouette masculine ne se dessine à l’horizon. Ici, ce sont les filles qui tiennent les rênes. Aminata Sow, 16 ans, les cheveux bien tressés mais enfouis sous un foulard rouge délavé, creuse avec une détermination farouche. Ses mains, déjà calleuses, manipulent une petite pioche usée, délogeant des mottes de terre qu’elle jette dans un grand tamis métallique. À quelques mètres, sa cousine Fatou, 15 ans, est accroupie près de la rivière. Elle plonge ses mains dans l’eau boueuse pour rincer le tamis, scrutant chaque mouvement avec l’espoir d’y voir briller une pépite. Ses doigts agiles trient les cailloux, et un sourire illumine son visage lorsqu’une minuscule particule dorée scintille sous les reflets du soleil. Plus loin, Mariam Keita, la doyenne du groupe, veille sur tout. À seulement 18 ans, elle porte en elle l’aplomb d’une véritable meneuse. Un seau lourd de sédiments dans les mains, elle avance vers une table bancale, bricolée avec des planches usées. Là, avec une rigueur presque instinctive, elle déverse l’eau sur la terre sombre. Une vieille calebasse devient son alliée, triant sans relâche les graviers dans l’espoir d’y dénicher un éclat précieux. Ses mouvements sont vifs, comme dictés par une habitude ancrée, mais dans son regard brille une fierté discrète, presque secrète. Parfois, sa voix s’élève, ferme et bienveillante, pour guider les plus jeunes : «Secouez bien le tamis, ne laissez rien filer !». Mariam, pilier de ce petit monde, raconte leur histoire sans détour. Elle et les autres filles, souvent orphelines, viennent de foyers démunis. Pour elles, l’école est un luxe abandonné, sacrifié sur l’autel de l’orpaillage, seule voie pour apaiser la faim et survivre un jour de plus. L’air est saturé de poussière ocre qui colle à leurs vêtements élimés et teinte leurs visages en sueur. Certaines portent des robes rapiécées, d’autres des pantalons trop grands, hérités de frères absents. Une chanson s’élève soudain, entonnée par Aïssata Koité, une fillette menue de 14 ans, qui pile des morceaux de roche avec un pilon de bois. Les autres reprennent en chœur, leurs voix claires contrastant avec la rudesse du décor. C’est une mélodie simple, un hymne à leur endurance, qui rythme leurs efforts et chasse la fatigue. Au milieu de ce chaos organisé, une solidarité tacite unit ces filles. Elles échangent des regards complices, s’entraident pour porter les charges lourdes, et partagent une gourde d’eau tiède quand le soleil atteint le zénith. L’or qu’elles extraient est maigre, mais chacune rêve en secret : pour l’une, c’est une nouvelle robe, pour une autre, de quoi payer des habits de fête pour elle et ses parents, et pour une troisième, acheter des kits scolaires et puis retourner à l’école. Sur ce bout de terre aride, elles ne sont pas seulement des chercheuses d’or, mais des battantes. À l’Est du site, là où une flaque d’eau s’élargit et où les berges s’effritent en pentes abruptes, un groupe de garçons s’active sous un ciel voilé de nuages gris. La brise légère charrie une odeur de terre humide et de sueur, tandis que le cliquetis des outils contre la roche ponctue l’air. Ici, pas de filles en vue : ce coin du site, plus rude et accidenté, est leur domaine, un terrain où ils rivalisent et se défient. GROGNE SOUS L’EFFORT- Mamadou Keita, 16 ans, torse nu et muscles tendus, brandit une lourde masse pour fracasser un bloc de pierre extrait d’une cavité peu profonde. La sueur perle sur son front, et il grogne sous l’effort, chaque coup résonnant comme un défi lancé à la terre elle-même. À ses côtés, Samba Diaby, un garçon maigrelet de 14 ans, ramasse les éclats avec une pelle rouillée. Il les entasse dans un vieux bidon cabossé, ses mouvements vifs trahissant une énergie nerveuse. «Plus vite, Samba !» lance Mamadou, un sourire en coin, et le cadet réplique par une grimace moqueuse avant de redoubler d’ardeur. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée Non loin, près d’un puits qui serpente entre les rochers, Issa Diallo, 15 ans, est penché sur une batée en bois. Il fait tournoyer l’eau et le sable avec une concentration presque solennelle, ses yeux plissés scrutant les dépôts au fond. Quand une lueur dorée apparaît, il pousse un cri rauque, attirant l’attention de ses camarades. «J’en ai une !» hurle-t-il, brandissant sa trouvaille comme un trophée. Les autres s’approchent, mi-jaloux, mi-admiratifs, et une vague de taquineries éclate : «Tu as juste de la chance, attends que je trouve la mienne ! » Mais fausse alerte. C’était simplement un petit fragment d’une bille brillante aux allures d’or. «Merde s’écria Issa. Mais continuons ça viendra inshala. Dieu est grand.» Au sommet d’une petite butte, Bakary Keita, 18 ans, trône comme une sentinelle. Le plus âgé et meneur incontesté du groupe, il s’est perché sur un vieux bidon rouillé. Sous ses doigts, une pioche usée reprend vie, frottée contre une pierre plate dans un crissement régulier. Il parle peu, mais son calme impose le respect, une autorité taiseuse qui flotte dans l’air. Quand deux garçons, plus bas, se chamaillent pour un bout de terrain, il se redresse d’un coup. Un sifflement bref déchire le brouhaha, suivi d’un geste sec pour les écarter : «On bosse, pas de bagarre !» Sa voix grave claque comme un ordre, et le silence retombe, seulement percé par le tintement des outils contre la terre. En s’approchant de lui, on découvre son histoire, livrée sans filtre. Bakary n’a pas eu le choix. Dans sa famille, il est l’unique garçon, d’une grande fratrie comprenant 7 sœurs, dont trois souffrent de déficience mentale. «Le seul espoir», dit-il, les épaules lourdes de ce rôle qu’il n’a pas demandé. Avec ses amis, il a tout laissé tomber, les bancs d’école, les rêves d’enfant pour plonger dans l’orpaillage. Ensemble, ils grattent la terre, jour après jour, portés par l’espoir d’une vie un peu moins rude. Leurs vêtements sont tachés de boue, leurs sandales usées laissent voir des pieds noirs de crasse. Certains portent des casquettes déchirées pour se protéger du soleil, d’autres ont noué des bouts de tissu autour de leur tête. Entre deux efforts, ils échangent des blagues ou se lancent des défis : qui cassera le plus gros rocher, qui trouvera la plus belle pépite avant la fin de la journée. Une camaraderie bruyante les lie, faite de rivalités amicales et de coups d’épaule complices. Sous leurs airs bravaches, une tension flotte pourtant. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée. Ils travaillent dur, les mains écorchées et le dos courbé, mais dans leurs rires et leurs provocations percent une vitalité brute, celle de gamins qui refusent de plier face à la misère. Sur cette parcelle du site, ils ne cherchent pas seulement de l’or, ils forgent leur fierté, un coup de pioche à la fois. Envoyé spécial Amara Ben Yaya TRAORÉ

Le Mali célèbre, ce mercredi, le 34ème anniversaire de la chute du général Moussa Traoré. À cette occasion, nous vous présentons, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), qui par son manque de vision, de stratégie, ses contradictions, sa boulimie financière, s’est laissée passer le pouvoir sous ses pieds.

Sous la bannière de la démocratie, le slogan était: «Un village, Une école, Un enseignant». L’État s’était donné les moyens générant tant d’espoirs auprès des jeunes pour lesquels le diplôme était devenu un passeport pour toute intégration sociale.

Sans atteindre pleinement ces objectifs, l’État avait néanmoins créé des mécanismes d’incitations à travers l’octroi des aides scolaires aux élèves. Tout jeune bachelier recevait des allocations d’études supérieures, de même pour tout étudiant qui décrochait une inscription dans un établissement étranger (Occident, ex-URSS) compte tenu de l’insuffisance d’infrastructures et de la qualité du système éducatif. Dans ce domaine, l’aide des pays de l’Est, notamment l’ex-URSS a été irréprochable en accueillant chaque année des centaines d’étudiants maliens à leur charge. À la fin de la décennie 90, le Mali connaît un taux de scolarisation très bas et le niveau des étudiants très bas.

L’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), créée en octobre 1990, était un syndicat ou une milice puissante, défiant même le gouvernement. Le pouvoir du général Moussa Traoré a pris un sérieux coup. Le régime est tombé un 26 mars 1991 grâce à un tandem UNTM-AEEM.

À l’époque, Oumar Mariko était le secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) et Bakary Karambé, secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Malgré le déploiement des forces armées à Bamako et ailleurs, l’UNTM et l’AEEM ont mis fin au régime du général Moussa Traoré.

Après la chute, il y a une transition d’une durée de quatorze (14) mois, avec à la clé un organe constitutif appelé Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP) et un gouvernement. C’est dans un climat de suspicion que la transition a pris fin. Le mot de la fin de la transition a été prononcé par le président de la transition le colonel Amadou Toumani Touré (ATT) en ces termes: «Que Dieu sauve le Mali». Et depuis ce jour-là, le Mali se noie dans le fleuve Niger. La question scolaire est suffisante pour le déluge provoqué.

S’il est un domaine où les démocrates ont échoué sans doute, c’est celui de la question scolaire. Et c’est là où, les évènements dramatiques se succèdent sans solution. C’est à partir de 1994 que l’école malienne entame sa descente aux enfers. Aidé en cela, par le Premier ministre de l’époque.

D’une année facultative, on passe à une année blanche. Au lieu de quatre ou cinq (05) ans pour les études supérieures, on perd désespérément sept (07) ans. On devient vieux étudiant diplômé chômeur. Du coup, les étudiants ont compris qu’il faut sévir contre le gouvernement. Et le gouvernement a compris avec une stratégie forte et puissante, celle du billet de banque. Les plus radicaux étaient repérés et bien entretenus par le gouvernement, une façon pour se dédouaner envers les dirigeants de l’Association des élèves et étudiants du Mali. Mais, c’était mal connaître les élèves et les étudiants. Ils savent que leur association est parmi celles qui sont à l’origine de la chute du général Moussa Traoré. Ils connaissaient la quasi-totalité des démocrates, professeurs des écoles supérieures ou à l’université. L’université surnommée colline du Savoir était le lieu de contestation, de rassemblement des troupes de l’AEEM.

Les journées chaudes de l’association se passent sous Yahiya Ould Zarawana, secrétaire général de l’AEEM. Le pouvoir ADEMA prend un sérieux coup. Devant le cynisme, le pouvoir abdique en octroyant des bourses d’études supérieures aux radicaux, distribue des billets de banque à d’autres, offre des emplois à certains. À vrai dire, l’AEEM fut le second pouvoir de l’ADEMA. Son «armée» à tout faire.

À vrai dire, l’AEEM a tout eu avec tous les présidents qui se sont succédé au pouvoir de 1992 à 2023, année de sa dissolution par la transition. Elle a fini par avoir le pouvoir et tout le pouvoir à sa disposition malgré sa dissolution. Comme une malédiction, les différentes générations de l’AEEM manquent de stratégie et le pouvoir leur échappe. Ce sont des générations AEEM qui sont aujourd’hui les cadres de l’administration publique, qui constituent les forces armées, les fondateurs de partis politiques, d’entreprises privées, Président-directeur général (PDG) de société et entreprises publiques, ministres. Que sais-je encore ?

Mais hélas ! Quelle malédiction ? Bamako, dit-on, serait une ville sacrée qui ne devrait être brûlée ? Combien de fois des pneus ont été brûlés dans la capitale ? La femme d’un ministre de l’Éducation nationale mise en habit d’Adam. Brûler des domiciles privés. Allah est souvent obligé de sévir. Dieu, le Mali et l’AEEM. Si l’AEEM a à son actif la chute du régime de Moussa Traoré, elle a aujourd’hui une part de responsabilité morale dans la grande corruption endémique qui ronge notre pays. La transition parle de refondation de l’État, qui à mon avis est impossible avec une bonne partie de cette génération AEEM pas très clean.

À titre de rappel. Dans un des nombreux gouvernements d’Ibrahim Boubacar Keïta, il a fait la promotion de plusieurs jeunes diplômés de l’AEEM dans le gouvernement. À l’évidence, ce fut une déception. Leur gestion fut une des plus catastrophiques. Aujourd’hui, le président de la transition fait la même chose en plaçant son espoir sur la jeunesse dans toutes ses composantes. Encore, qu’il n’a pas juré. Si le président de la transition savait, il n’allait pas prendre une telle initiative considérable. Si l’AEEM voulait réussir, elle allait réussir comme Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) au Sénégal.

La quasi-totalité des mairies furent et continuent d’ailleurs à être gérée par des anciens de l’AEEM. Et Dieu seul sait que la gestion du foncier est une catastrophe. C’est une bombe en attente d’un détonateur pour exploser.

Aujourd’hui, les Maliens ont plus besoin de justice que de démocratie. Or, le ministère de la Justice est dirigé par un ministre de la génération AEEM. La justice et son mode de fonctionnement sont décriés par la population. Qu’Allah sauve notre pays et sa population.

Safouné KOUMBA

Inter De Bamako

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