Dernières nouvelles

8 Mars 2025: journée internationale de la femme : Honorons des femmes célèbres et savantes du Mali

Les femmes du Mali jouent un rôle important dans plusieurs domaines. «Au plan mondial, les femmes représentent la moitié de la population, dirigent un tiers des ménages, sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale, reçoivent de l’ensemble des revenus et ne possèdent que 1§ 100 e des biens. De fait, les femmes en raison de leur statut socio-économique inférieur, gagnent moins, possèdent moins et contrôlent moins, et se retrouvent donc en situation d’inégalité et de précarité».

Malgré la forte islamisation, les musulmans (plus de 90% de la population) et la présence des chrétiens, d’animistes et autre, le Mali reste et demeure un pays tolérant et cela a facilité la coexistence des différentes communautés d’où le fondement de la laïcité affirmée par la Constitution.

Pour toute innovation, le peuple malien s’interroge sur ses valeurs avant de faire le bond nécessaire et ceci ne favorise pas toujours le changement en général et le statut de la femme en particulier. Il convient cependant de noter que le taux de représentativité de la femme (51,2% de la population) et le rôle qu’elle joue et continue à jouer dans la vie quotidienne et dans le développement du pays ne lui donnent toujours pas une grande liberté.

 Rokia Sanogo, la première malienne professeur titulaire de la Faculté de pharmacie du Mali

Le professeur Rokia Sanogo, qu’on ne présente plus au Mali, est une fervente animatrice du landerneau politique malien à travers le Mouvement Populaire du 22 Mars (Mp22).

Qui est cette femme aux allures martiales ?

Née à San en 1964, docteur en pharmacie à Bamako en 1990, le Pr Rokia Sanogo ne se limite pas à ce titre comme l’ont fait nombre de ses paires. Ainsi s’attèlera-t-elle aux études et à la recherche pour finir par décrocher, en 1999, un PhD. en pharmacognosie à Messine, en Italie. Neuf ans après, la revoilà agrégée du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) en 2008.

Professeur à la Faculté de pharmacie, le Pr Rokia Sanogo est actuellement chef du Service des sciences pharmaceutiques du département médecine traditionnelle. Un service qui s’occupe de la recherche, la production et le contrôle de qualité des médicaments traditionnels améliorés. Elle est aussi présidente du comité scientifique interne de l’Institut national de recherches en santé publique (INRSP).

Métronome, le Pr Rokia Sanogo intervient au niveau d’autres formations: Master de santé publique de la faculté de médecine et d’Odontosmatologie de Bamako; cours d’ethnopharmacologie appliquée de la Société française d’ethnopharcologue à Metz, France; Master de Biotechnologie de l’Université de Ouagadougou, Burkina Faso…

Rose” comme aiment à l’appeler ses proches, participe également à l’enseignement et la recherche sur les plantes médicinales africaines auprès des facultés de pharmacie de Messine et Salerne, elle contribue à une soixantaine de publications scientifiques sur les propriétés biologiques et la chimie des plantes médicinales du Mali et d’ailleurs.

Le professeur Rokia Sanogo, par sa titularisation dans le domaine qui est sein par le Cames, fait ainsi honneur à toutes les femmes du Mali. Elle est membre fondatrice et présidente de l’ONG “Aide au développement de la médecine traditionnelle” (Aidemet ONG). Sous cette étiquette, le Pr Rokia Sanogo a déjà publié trois ouvrages sur la médecine traditionnelle et la santé publique. Sa titularisation par le CAMES est donc une reconnaissance à sa compétence, à sa rigueur, à son engagement et à son travail acharné. Félicitations Prof. !

A.S.D

  • Pr Mariam Ibrahim Sako: Première femme professeure agrégée en cardiologie

Le Pr MariamSako, âgée d’une trentaine d’années, a été classée la première professeure agrégée en cardiologie au Mali en novembre dernier.

Spécialiste en pathologie cardiovasculaire, elle est également maître de conférences à la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie (FMOS) et membre de plusieurs sociétés médicales, dont la Société malienne de Cardiologie (SOMACAR). Sa classification représente une avancée significative pour les femmes dans le domaine médical au Mali.

Adama Diarakai

 Aminata Dramane Traoré: auteure de plusieurs ouvrages dont le plus célèbre «L’Etau»

Aminata Dramane Traoré, une femme politique et écrivaine malienne. Née en 1947 dans une famille modeste de douze (12) enfants, Aminata Traoré a fréquenté l’école Maginot. Elle a étudié en France à l’université de Caen. Elle est titulaire d’un doctorat de 3ème cycle en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie. Chercheuse en sciences sociales, elle a enseigné à l’Institut d’ethnosociologie de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et travaillé pour plusieurs organisations régionales et internationales.

Elle est nommée ministre malienne de la Culture et du Tourisme sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré entre 1997 et 2000.

Aminata Dramane Traoré est aussi chef d’entreprise à Bamako. Elle est propriétaire d’un restaurant-galerie de luxe, le San-Toro, et d’une maison d’hôtes pour touristes ou riches Maliens, le Djenné, qu’elle a fait construire avec des matériaux locaux.

Engagement altermondialiste

Militante altermondialiste, elle s’est engagée dans le combat contre le libéralisme, qu’elle considère comme responsable du maintien de la pauvreté au Mali et en Afrique en général. Aminata Dramane Traoré souhaite que les États africains cessent de suivre les injonctions des pays occidentaux qui se traduisent par «les plans et programmes des banquiers internationaux et des grandes puissances du Nord» et qui conduisent à la pauvreté des populations et engendrent les phénomènes de violence et l’émigration vers l’Europe d’une grande partie de la jeunesse désabusée. Elle demande aux gouvernants africains de réagir face au néocolonialisme.

Aminata Dramane Traoré a pris position en faveur du président zimbabwéen Robert Mugabe dans la gestion de son pays, considérant que ce qu’on reproche au dictateur (la faillite de l’économie, le non-respect des Droits de l’Homme, l’appauvrissement de la population) serait dû en grande partie à la politique menée par l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, et au non-respect de ses engagements. Elle renvoie les «donneurs de leçons», c’est-à-dire, selon elle, les pays “occidentaux“, à leurs propres manquements (guerre contre l’Irak, crise économique, politique migratoire…).

Elle coordonne les activités du Forum pour un autre Mali et était responsable de l’organisation du troisième volet à Bamako du Forum social mondial polycentrique de 2006.

En mai 2018, elle participe à la Conférence internationale «Bandung du Nord», organisée par le Decolonial International Network afin de «questionner la mémoire coloniale», à laquelle participe aussi les militants antiracistes Angela Davis et Fred Hampton Jr. (en), ou encore le journaliste Muntadhar al-Zaidi.

En janvier 2020, Aminata Dramane Traoré et une cinquantaine d’intellectuels publient une déclaration demandant l’ouverture d’un débat «populaire et inclusif» sur la réforme du Franc CFA en cours en indiquant que «la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique».

Aminata Dramane Traoré est interviewée sur la chaîne Thinkerview, qui l’interroge sur ses avis concernant de nombreux aspects géopolitiques de l’influence française sur les anciennes colonies françaises, de la gouvernance malienne et d’autres thèmes au sujet de l’Afrique.

Activités éditoriales

En 1999, elle publie l’Étau, un essai dénonçant la politique des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire internationalBanque mondiale) qui imposent la mise en place de plans d’ajustement structurel qui ne font qu’appauvrir les populations africaines.

En 2002, dans le Viol de l’imaginaire, elle dénonce les mécanismes privant l’Afrique de ses ressources financières, naturelles et humaines.

En 2005, elle publie une Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général, où elle analyse les crises africaines dans le «pré carré français» à la lumière de la mondialisation libérale.

En 2008, elle publie l’Afrique humiliée, où elle critique vivement le discours qu’elle considère comme raciste et néocolonialiste de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007.

Elle participe, avec Jean-Louis Martinelli, à l’écriture de la pièce Une nuit à la présidence, qui sera mise en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Nanterre-Amandiers, en 2014. Aminata Dramane Traoré apparaît en tant que témoin, dans le film Bamako d’Abderrahmane Sissako.

Distinctions et décorations

 Publications

  • Femmes d’Afrique: douloureux ajustementÉditions Actes Sud, 1995;
  • L’ÉtauÉditions Actes Sud, 1999;
  • Le Viol de l’imaginaireÉditions Fayard, 2002;
  • Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général, Éditions Fayard, 2005;
  • L’Afrique humiliée, Éditions Fayard, 2008;
  • L’Afrique mutilée, Taama Éditions, 2012.
  • Docteur Traoré Fatoumata Nafo: ancienne ministre de la Santé, une femme charismatique

Dr Traoré Fatoumata Nafo, est une femme Médecin cotée à l’international. Elle fut ministre de la Santé, ensuite ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées. Plus tard elle devient Directrice exécutive du Programme mondial de lutte contre le paludisme, autrement appelé Roll Back Malaria.

 Voici en quelques lignes son portrait.

Née le 10 novembre 1958 à Dia (Cercle de Téninkou),  Fatoumata Nafo-Traoré obtient en 1984 un Doctorat d’État en médecine à l’École Nationale de Médecine et de Pharmacie de Bamako, une Licence spéciale en santé publique, option santé familiale et une spécialisation en épidémiologie à l’École de santé publique de l’université libre de Bruxelles, respectivement en 1990 et 1991 et un certificat d’économie et de gestion des programmes de santé à l’université de Boston en 1993.

Elle fut ministre de la Santé, du 21 février 2000 au 16 octobre 2002 et cumulativement ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées d’avril-juin 2002. Membre du Conseil d’administration (CA) de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI), Docteur Nafo-Traoré a également été la secrétaire exécutive du Secrétariat du Partenariat Faire Reculer le paludisme de 2003 à 2004 et la directrice du Département en charge de la lutte contre le paludisme de 2004 à 2005.

Dr Fatoumata Nafo fut représentante de l’Oms au Congo Brazzaville de février 2006 à décembre 2007 puis en Éthiopie de 2007 à 2012. Depuis juin 2012, elle est la directrice exécutive du Programme mondial de lutte contre le paludisme, autrement appelé Roll Back Malaria (Partenariat Faire Reculer le Paludisme), une plate-forme de coordination internationale contre le paludisme depuis juin 2012.

En novembre 2014, Dr Traoré Fatoumata Nafo fut la candidate officielle du Mali au poste de directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique. Élection malheureusement perdue. Le Dr Nafo-Traoré apporte au partenariat une expérience très riche dans plusieurs domaines: santé maternelle et infantile, lutte contre le paludisme et renforcement des systèmes de santé. En outre, elle apporte une vaste expérience en matière de leadership, acquise dans le cadre de la gestion des partenariats régionaux et nationaux.

Après s’être distinguée comme directrice d’un important Programme d’investissement sectoriel (PIS) et en tant que spécialiste de la santé au sein de la Banque mondiale à Bamako.

En 2003, elle a été la première Secrétaire exécutive du partenariat RBM, avant d’être nommée Directrice du Service OMS/RBM. Au cours des dernières années, le Dr Nafo-Traoré a contribué au renforcement du secteur de la santé dans plusieurs pays d’Afrique. Elle a en effet fait partie de la communauté médicale africaine à différents titres, notamment en tant que Présidente de l’Assemblée des Ministres de la Santé de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et en tant que membre de différents groupes de travail et initiatives régionales.

Au sein des postes qu’elle a occupés ces dernières années, le Dr Nafo-Traoré a participé aux efforts visant à appliquer la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et l’initiative «Unis dans l’action», qui s’inscrit dans la réforme de l’Organisation des Nations unies (ONU-2006-2012). Dans le domaine politique, elle a également encouragé le dialogue entre les ministères et divers secteurs de la société, en vue de définir la santé comme l’une des principales préoccupations nationales et d’augmenter le financement national dédié à cette question.

À cette fin, elle a travaillé avec des acteurs bilatéraux, multilatéraux et nationaux pour élaborer un plan propre au secteur de la santé. Ce plan proposait, entre autres, des stratégies visant à gérer la crise des ressources humaines et à améliorer les systèmes informatiques médicaux.

Au Mali, en tant que Ministre de la Santé, le Dr Nafo-Traoré a supervisé un projet de partenariat représentant 350 millions de dollars US. Ce partenariat visait à mettre en œuvre un programme national d’investissement dans le secteur de la santé. Il avait également pour objectif de veiller à ce que les interventions de lutte contre les principales maladies endémiques soient déployées de manière coordonnée et complémentaire.

Outre ces projets à l’échelle nationale, le Dr Nafo-Traoré a fourni des conseils stratégiques et techniques aux initiatives et partenariats de santé mondiale, notamment en tant que membre du Conseil de l’alliance GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization, alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation) et du groupe de travail technique de l’ONU/SIDA-OMS en 2001-2002.

Dr Nafo-Traoré a été nommée Chevalier et Officier de l’ordre national du Mali en 1996 et 2007. Elle fait aujourd’hui encore partie de plusieurs associations professionnelles et a publié un nombre considérable d’articles techniques et d’études.

En somme, Dr Traoré Fatoumata Nafo est une dame de cœur qui cherche à lutter contre les maladies et surtout contre le paludisme dans son pays.

Oumou SISSOKO

  Inter De Bamako

À propos malikunafoni

Vérifiez encore

Exploité à ciel ouvert, le site d’orpaillage de Koflatié dans le Cercle de Kangaba voit affluer une majorité d’enfants qui, séduits par l’appât de l’or, abandonnent leurs études pour s’y consacrer. Koflatié s’anime dans un ballet poussiéreux où filles et garçons, pioches et tamis à la main, s’acharnent sur une terre sèche, rêvant d’un avenir meilleur au détriment de leur scolarité. Reportage Sous un soleil brûlant de ce vendredi 14 mars, le site d’orpaillage de Koflatié, situé à 35 km de la ville de Kangaba, est bruyant. Une dizaine de filles, âgées de 12 à 17 ans, s’affairent dans un ballet poussiéreux au bord d’une petite rivière aux eaux troubles. Le bruit des pioches qui frappent la terre sèche résonne, mêlé aux éclats de voix et aux rires sporadiques qui percent la chaleur étouffante. Aucune silhouette masculine ne se dessine à l’horizon. Ici, ce sont les filles qui tiennent les rênes. Aminata Sow, 16 ans, les cheveux bien tressés mais enfouis sous un foulard rouge délavé, creuse avec une détermination farouche. Ses mains, déjà calleuses, manipulent une petite pioche usée, délogeant des mottes de terre qu’elle jette dans un grand tamis métallique. À quelques mètres, sa cousine Fatou, 15 ans, est accroupie près de la rivière. Elle plonge ses mains dans l’eau boueuse pour rincer le tamis, scrutant chaque mouvement avec l’espoir d’y voir briller une pépite. Ses doigts agiles trient les cailloux, et un sourire illumine son visage lorsqu’une minuscule particule dorée scintille sous les reflets du soleil. Plus loin, Mariam Keita, la doyenne du groupe, veille sur tout. À seulement 18 ans, elle porte en elle l’aplomb d’une véritable meneuse. Un seau lourd de sédiments dans les mains, elle avance vers une table bancale, bricolée avec des planches usées. Là, avec une rigueur presque instinctive, elle déverse l’eau sur la terre sombre. Une vieille calebasse devient son alliée, triant sans relâche les graviers dans l’espoir d’y dénicher un éclat précieux. Ses mouvements sont vifs, comme dictés par une habitude ancrée, mais dans son regard brille une fierté discrète, presque secrète. Parfois, sa voix s’élève, ferme et bienveillante, pour guider les plus jeunes : «Secouez bien le tamis, ne laissez rien filer !». Mariam, pilier de ce petit monde, raconte leur histoire sans détour. Elle et les autres filles, souvent orphelines, viennent de foyers démunis. Pour elles, l’école est un luxe abandonné, sacrifié sur l’autel de l’orpaillage, seule voie pour apaiser la faim et survivre un jour de plus. L’air est saturé de poussière ocre qui colle à leurs vêtements élimés et teinte leurs visages en sueur. Certaines portent des robes rapiécées, d’autres des pantalons trop grands, hérités de frères absents. Une chanson s’élève soudain, entonnée par Aïssata Koité, une fillette menue de 14 ans, qui pile des morceaux de roche avec un pilon de bois. Les autres reprennent en chœur, leurs voix claires contrastant avec la rudesse du décor. C’est une mélodie simple, un hymne à leur endurance, qui rythme leurs efforts et chasse la fatigue. Au milieu de ce chaos organisé, une solidarité tacite unit ces filles. Elles échangent des regards complices, s’entraident pour porter les charges lourdes, et partagent une gourde d’eau tiède quand le soleil atteint le zénith. L’or qu’elles extraient est maigre, mais chacune rêve en secret : pour l’une, c’est une nouvelle robe, pour une autre, de quoi payer des habits de fête pour elle et ses parents, et pour une troisième, acheter des kits scolaires et puis retourner à l’école. Sur ce bout de terre aride, elles ne sont pas seulement des chercheuses d’or, mais des battantes. À l’Est du site, là où une flaque d’eau s’élargit et où les berges s’effritent en pentes abruptes, un groupe de garçons s’active sous un ciel voilé de nuages gris. La brise légère charrie une odeur de terre humide et de sueur, tandis que le cliquetis des outils contre la roche ponctue l’air. Ici, pas de filles en vue : ce coin du site, plus rude et accidenté, est leur domaine, un terrain où ils rivalisent et se défient. GROGNE SOUS L’EFFORT- Mamadou Keita, 16 ans, torse nu et muscles tendus, brandit une lourde masse pour fracasser un bloc de pierre extrait d’une cavité peu profonde. La sueur perle sur son front, et il grogne sous l’effort, chaque coup résonnant comme un défi lancé à la terre elle-même. À ses côtés, Samba Diaby, un garçon maigrelet de 14 ans, ramasse les éclats avec une pelle rouillée. Il les entasse dans un vieux bidon cabossé, ses mouvements vifs trahissant une énergie nerveuse. «Plus vite, Samba !» lance Mamadou, un sourire en coin, et le cadet réplique par une grimace moqueuse avant de redoubler d’ardeur. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée Non loin, près d’un puits qui serpente entre les rochers, Issa Diallo, 15 ans, est penché sur une batée en bois. Il fait tournoyer l’eau et le sable avec une concentration presque solennelle, ses yeux plissés scrutant les dépôts au fond. Quand une lueur dorée apparaît, il pousse un cri rauque, attirant l’attention de ses camarades. «J’en ai une !» hurle-t-il, brandissant sa trouvaille comme un trophée. Les autres s’approchent, mi-jaloux, mi-admiratifs, et une vague de taquineries éclate : «Tu as juste de la chance, attends que je trouve la mienne ! » Mais fausse alerte. C’était simplement un petit fragment d’une bille brillante aux allures d’or. «Merde s’écria Issa. Mais continuons ça viendra inshala. Dieu est grand.» Au sommet d’une petite butte, Bakary Keita, 18 ans, trône comme une sentinelle. Le plus âgé et meneur incontesté du groupe, il s’est perché sur un vieux bidon rouillé. Sous ses doigts, une pioche usée reprend vie, frottée contre une pierre plate dans un crissement régulier. Il parle peu, mais son calme impose le respect, une autorité taiseuse qui flotte dans l’air. Quand deux garçons, plus bas, se chamaillent pour un bout de terrain, il se redresse d’un coup. Un sifflement bref déchire le brouhaha, suivi d’un geste sec pour les écarter : «On bosse, pas de bagarre !» Sa voix grave claque comme un ordre, et le silence retombe, seulement percé par le tintement des outils contre la terre. En s’approchant de lui, on découvre son histoire, livrée sans filtre. Bakary n’a pas eu le choix. Dans sa famille, il est l’unique garçon, d’une grande fratrie comprenant 7 sœurs, dont trois souffrent de déficience mentale. «Le seul espoir», dit-il, les épaules lourdes de ce rôle qu’il n’a pas demandé. Avec ses amis, il a tout laissé tomber, les bancs d’école, les rêves d’enfant pour plonger dans l’orpaillage. Ensemble, ils grattent la terre, jour après jour, portés par l’espoir d’une vie un peu moins rude. Leurs vêtements sont tachés de boue, leurs sandales usées laissent voir des pieds noirs de crasse. Certains portent des casquettes déchirées pour se protéger du soleil, d’autres ont noué des bouts de tissu autour de leur tête. Entre deux efforts, ils échangent des blagues ou se lancent des défis : qui cassera le plus gros rocher, qui trouvera la plus belle pépite avant la fin de la journée. Une camaraderie bruyante les lie, faite de rivalités amicales et de coups d’épaule complices. Sous leurs airs bravaches, une tension flotte pourtant. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée. Ils travaillent dur, les mains écorchées et le dos courbé, mais dans leurs rires et leurs provocations percent une vitalité brute, celle de gamins qui refusent de plier face à la misère. Sur cette parcelle du site, ils ne cherchent pas seulement de l’or, ils forgent leur fierté, un coup de pioche à la fois. Envoyé spécial Amara Ben Yaya TRAORÉ

Le Mali célèbre, ce mercredi, le 34ème anniversaire de la chute du général Moussa Traoré. À …

Laisser un commentaire

Share via
Share
[youtube-feed playvideo="onclick"]
Verified by MonsterInsights