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Détournement de 6,2 milliards FCFA à la CMDT : Des anciens PDG, dont certains réputés intègres dans le viseur de la justice

Le 9ème cabinet d’instruction du Pôle économique et financier vient de mettre sous mandat de dépôt, cinq ancien PDG du géant du coton malien, la CMDT (Compagnie malienne de développement des textiles). C’est dans le cadre de l’affaire de l’exécution du plan social de l’année 2003 de l’entreprise. Un plan social  estimé à 6,2 milliards de FCFA.

Il s’agit des anciens Pdg  Ousmane Amion Guindo (ancien ministre délégué des transports), Tiéna Coulibaly (ancien ministre des Finances, du Commerce, de la justice, de la Défense et ancien ambassadeur du Mali aux USA), Baba Berthé (ancien ministre de l’Agriculture) et Kalifa Sanogo (Maire de la Commune urbaine de Sikasso). Ils sont inculpés de détournement  et non-respect de l’échéance de remboursement de 6,2 milliards de FCFA.

De quoi s’agit-il ?

Dans un programme d’ajustement structurel, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale avaient indiqué une restructuration au niveau de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT). Et cela s’est traduit par une diminution du personnel. Les raisons évoquées étaient la chute des cours mondiaux de la fibre et des problèmes de gestion au niveau de la CMDT. Un plan social a été élaboré en 2003 pour permettre un bon départ des compressés au nombre de 290. En conclusion, un protocole d’accord a été signé entre la CMDT et le gouvernement du Mali sous la supervision des bailleurs de fonds. Ainsi, en 2011, 290 agents licenciés répartis entre les six directions régionales de la CMDT (Fana, San, Koutiala, Sikasso, Bougouni, Kita), devraient bénéficier de 6,2 milliards de francs CFA à la CMDT.

L’affaire portée devant les tribunaux

Depuis ce jour, les agents licenciés courent derrière leur dû. Pour entrer en possession de leurs droits, Ils ont, en 2005, à  travers la coordination nationale des associations des partants du plan social CMDT, porté l’affaire devant la justice. C’est ainsi qu’ils ont saisi la Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle du district de Bamako pour vérification des droits de licenciement. Dans sa conclusion, le 23 septembre 2008, adressée au président du tribunal de travail de Bamako, le Directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle du district de Bamako a donné raison aux licenciés.

Nonobstant cette conclusion, ils n’ont pas été payés. Alors, ils ont décidé de porter plainte au niveau du Pôle économique et financier contre  les anciens PDG Ousmane Amion Guindo, Tiéna Coulibaly, Baba Berthé, Kalifa Sanogo. Les éléments de la gendarmerie du Camp I ont été dépêchés pour mener les enquêtes. Les ex-PDG ont reconnu leur culpabilité. Et le juge du 9ème cabinet d’instruction du tribunal de grande instance de la commune III du District de Bamako (Pôle économique et financier) les a inculpés, le 05 juillet 2023, de détournement et de non-respect de l’échéance de remboursement de prêt. Cette décision judiciaire a été entérinée par la Cour d’Appel. En plus de cette décision, ils ont mené diverses négociations à tous les niveaux sans succès. Le dossier a même été porté au niveau de l’espace d’interpellation démocratique (EID) sans succès.

Malgré ces échecs, les pauvres travailleurs licenciés n’ont pas baissé les bras. Ainsi, avec  l’avènement de la transition actuelle, il faut reconnaître que le dossier a bougé. L’affaire est actuellement devant la chambre criminelle de la Cour Suprême. Les deux parties ont été sommées de déposer des mémoires. Les ex-PDG auraient pondu leur mémoire en se fondant sur le fait que l’affaire a été déjà prescrite. Le Président du Collectif des compressés et non moins délégué des plaignants, Issa Traoré, a balayé cette thèse avec un permis de citer, dans lequel, les ex-PDG ont été bel et bien convoqués devant le tribunal du travail, le 06 juin 2006.

Dans cette affaire, plus d’un a été surpris de voir certains noms figurer sur la liste des ex-Pdg mis en cause. Il s’agit, entre autres, de Tièna Coulibaly, du Pr Baba Berthé, de Kalifa Sanogo qui sont  réputés être des cadres intégrés et honnêtes. Mais comme dit-on, le temps est le meilleur juge, car il permet de mettre à nu le visage des uns et des autres. Bravo à la Justice malienne qui montre de plus en plus qu’il ne saurait y avoir d’intouchables, surtout dans le cadre de la lutte contre l’hémorragie financière des deniers publics.

A Diallo

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Exploité à ciel ouvert, le site d’orpaillage de Koflatié dans le Cercle de Kangaba voit affluer une majorité d’enfants qui, séduits par l’appât de l’or, abandonnent leurs études pour s’y consacrer. Koflatié s’anime dans un ballet poussiéreux où filles et garçons, pioches et tamis à la main, s’acharnent sur une terre sèche, rêvant d’un avenir meilleur au détriment de leur scolarité. Reportage Sous un soleil brûlant de ce vendredi 14 mars, le site d’orpaillage de Koflatié, situé à 35 km de la ville de Kangaba, est bruyant. Une dizaine de filles, âgées de 12 à 17 ans, s’affairent dans un ballet poussiéreux au bord d’une petite rivière aux eaux troubles. Le bruit des pioches qui frappent la terre sèche résonne, mêlé aux éclats de voix et aux rires sporadiques qui percent la chaleur étouffante. Aucune silhouette masculine ne se dessine à l’horizon. Ici, ce sont les filles qui tiennent les rênes. Aminata Sow, 16 ans, les cheveux bien tressés mais enfouis sous un foulard rouge délavé, creuse avec une détermination farouche. Ses mains, déjà calleuses, manipulent une petite pioche usée, délogeant des mottes de terre qu’elle jette dans un grand tamis métallique. À quelques mètres, sa cousine Fatou, 15 ans, est accroupie près de la rivière. Elle plonge ses mains dans l’eau boueuse pour rincer le tamis, scrutant chaque mouvement avec l’espoir d’y voir briller une pépite. Ses doigts agiles trient les cailloux, et un sourire illumine son visage lorsqu’une minuscule particule dorée scintille sous les reflets du soleil. Plus loin, Mariam Keita, la doyenne du groupe, veille sur tout. À seulement 18 ans, elle porte en elle l’aplomb d’une véritable meneuse. Un seau lourd de sédiments dans les mains, elle avance vers une table bancale, bricolée avec des planches usées. Là, avec une rigueur presque instinctive, elle déverse l’eau sur la terre sombre. Une vieille calebasse devient son alliée, triant sans relâche les graviers dans l’espoir d’y dénicher un éclat précieux. Ses mouvements sont vifs, comme dictés par une habitude ancrée, mais dans son regard brille une fierté discrète, presque secrète. Parfois, sa voix s’élève, ferme et bienveillante, pour guider les plus jeunes : «Secouez bien le tamis, ne laissez rien filer !». Mariam, pilier de ce petit monde, raconte leur histoire sans détour. Elle et les autres filles, souvent orphelines, viennent de foyers démunis. Pour elles, l’école est un luxe abandonné, sacrifié sur l’autel de l’orpaillage, seule voie pour apaiser la faim et survivre un jour de plus. L’air est saturé de poussière ocre qui colle à leurs vêtements élimés et teinte leurs visages en sueur. Certaines portent des robes rapiécées, d’autres des pantalons trop grands, hérités de frères absents. Une chanson s’élève soudain, entonnée par Aïssata Koité, une fillette menue de 14 ans, qui pile des morceaux de roche avec un pilon de bois. Les autres reprennent en chœur, leurs voix claires contrastant avec la rudesse du décor. C’est une mélodie simple, un hymne à leur endurance, qui rythme leurs efforts et chasse la fatigue. Au milieu de ce chaos organisé, une solidarité tacite unit ces filles. Elles échangent des regards complices, s’entraident pour porter les charges lourdes, et partagent une gourde d’eau tiède quand le soleil atteint le zénith. L’or qu’elles extraient est maigre, mais chacune rêve en secret : pour l’une, c’est une nouvelle robe, pour une autre, de quoi payer des habits de fête pour elle et ses parents, et pour une troisième, acheter des kits scolaires et puis retourner à l’école. Sur ce bout de terre aride, elles ne sont pas seulement des chercheuses d’or, mais des battantes. À l’Est du site, là où une flaque d’eau s’élargit et où les berges s’effritent en pentes abruptes, un groupe de garçons s’active sous un ciel voilé de nuages gris. La brise légère charrie une odeur de terre humide et de sueur, tandis que le cliquetis des outils contre la roche ponctue l’air. Ici, pas de filles en vue : ce coin du site, plus rude et accidenté, est leur domaine, un terrain où ils rivalisent et se défient. GROGNE SOUS L’EFFORT- Mamadou Keita, 16 ans, torse nu et muscles tendus, brandit une lourde masse pour fracasser un bloc de pierre extrait d’une cavité peu profonde. La sueur perle sur son front, et il grogne sous l’effort, chaque coup résonnant comme un défi lancé à la terre elle-même. À ses côtés, Samba Diaby, un garçon maigrelet de 14 ans, ramasse les éclats avec une pelle rouillée. Il les entasse dans un vieux bidon cabossé, ses mouvements vifs trahissant une énergie nerveuse. «Plus vite, Samba !» lance Mamadou, un sourire en coin, et le cadet réplique par une grimace moqueuse avant de redoubler d’ardeur. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée Non loin, près d’un puits qui serpente entre les rochers, Issa Diallo, 15 ans, est penché sur une batée en bois. Il fait tournoyer l’eau et le sable avec une concentration presque solennelle, ses yeux plissés scrutant les dépôts au fond. Quand une lueur dorée apparaît, il pousse un cri rauque, attirant l’attention de ses camarades. «J’en ai une !» hurle-t-il, brandissant sa trouvaille comme un trophée. Les autres s’approchent, mi-jaloux, mi-admiratifs, et une vague de taquineries éclate : «Tu as juste de la chance, attends que je trouve la mienne ! » Mais fausse alerte. C’était simplement un petit fragment d’une bille brillante aux allures d’or. «Merde s’écria Issa. Mais continuons ça viendra inshala. Dieu est grand.» Au sommet d’une petite butte, Bakary Keita, 18 ans, trône comme une sentinelle. Le plus âgé et meneur incontesté du groupe, il s’est perché sur un vieux bidon rouillé. Sous ses doigts, une pioche usée reprend vie, frottée contre une pierre plate dans un crissement régulier. Il parle peu, mais son calme impose le respect, une autorité taiseuse qui flotte dans l’air. Quand deux garçons, plus bas, se chamaillent pour un bout de terrain, il se redresse d’un coup. Un sifflement bref déchire le brouhaha, suivi d’un geste sec pour les écarter : «On bosse, pas de bagarre !» Sa voix grave claque comme un ordre, et le silence retombe, seulement percé par le tintement des outils contre la terre. En s’approchant de lui, on découvre son histoire, livrée sans filtre. Bakary n’a pas eu le choix. Dans sa famille, il est l’unique garçon, d’une grande fratrie comprenant 7 sœurs, dont trois souffrent de déficience mentale. «Le seul espoir», dit-il, les épaules lourdes de ce rôle qu’il n’a pas demandé. Avec ses amis, il a tout laissé tomber, les bancs d’école, les rêves d’enfant pour plonger dans l’orpaillage. Ensemble, ils grattent la terre, jour après jour, portés par l’espoir d’une vie un peu moins rude. Leurs vêtements sont tachés de boue, leurs sandales usées laissent voir des pieds noirs de crasse. Certains portent des casquettes déchirées pour se protéger du soleil, d’autres ont noué des bouts de tissu autour de leur tête. Entre deux efforts, ils échangent des blagues ou se lancent des défis : qui cassera le plus gros rocher, qui trouvera la plus belle pépite avant la fin de la journée. Une camaraderie bruyante les lie, faite de rivalités amicales et de coups d’épaule complices. Sous leurs airs bravaches, une tension flotte pourtant. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée. Ils travaillent dur, les mains écorchées et le dos courbé, mais dans leurs rires et leurs provocations percent une vitalité brute, celle de gamins qui refusent de plier face à la misère. Sur cette parcelle du site, ils ne cherchent pas seulement de l’or, ils forgent leur fierté, un coup de pioche à la fois. Envoyé spécial Amara Ben Yaya TRAORÉ

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