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Spécial sortie de l’AES de la CEDEAO, Alpha Oumar Konaré, Président en exercice de la Cedeao de 1999 à 2001 : Des hauts et des bas

Le Président Alpha Oumar Konaré fut désigné par ses pairs Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) lors du 22è sommet, tenu les 9 et 10 décembre 1999 à Lomé (Togo). En succédant au Président Gnassingbé Eyadema, Alpha Oumar Konaré est le premier Chef d’État du Mali à assurer la présidence tournante de l’Organisation intergouvernementale, créée le 28 mai 1975 à Abuja (Nigeria).

Président en exercice de la Cedeao, Alpha Oumar Konaré plaça son mandant sous le signe du processus d’intégration de la Cedeao, de la lutte contre la pauvreté et surtout du renforcement des mécanismes de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace commun.

En effet, sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, une stratégie a été mise en place afin d’accélérer le processus d’intégration de la Cedeao. Et cela à travers la création d’un marché régional unique en Afrique de l’Ouest fondé sur la libéralisation des échanges, l’établissement du Tarif extérieur commun, l’harmonisation des politiques économiques et financières des États membres.

Mais sur le plan économique et financier, ainsi que la libre circulation des personnes et des biens, le tableau n’était pas reluisant. C’est pour quoi, lors du 24è sommet de la Cedeao tenu dans notre capitale le 14 décembre 2000, en examinant le rapport du gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement s’est préoccupée de l’évolution défavorable d’ensemble de la situation économique et financière des États de la Cedeao, en dépit d’une conjoncture internationale favorable.

Sur le plan de la lutte contre la pauvreté, les résultats n’étaient pas non plus à hauteur de souhait. Prenant en compte les défis à relever à ce niveau, le sommet de Bamako a instruit les ministres à renforcer, d’une part, les mesures de politique économique nécessaires au développement accru de l’activité dans l’Union et d’autre part, la politique de financement des activités génératrices de revenus pour les populations les plus vulnérables et les diplômés sans emploi. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a été mise à contribution. En tant que capacité régionale de développement, l’institution financière a été appelée à s’impliquer davantage dans la définition et la mise en œuvre des stratégies nationales et régionales y relatives.

POINT FAIBLE DE LA CEDEAO- Depuis sa création, la libre circulation des personnes et des biens est le point faible de la Cedeao. La présidence d’Alpha Oumar Konaré n’a pratiquement rien changé sur ce plan. Pourtant, ce dernier avait pour mission de démanteler les nombreux barrages illégalement érigés le long des routes ouest-africaines qui constituent une entrave à là libre circulation des personnes et le développement des échanges intra communautaires. Un mécanisme communautaire de surveillance permanente des barrages routiers en vue de leur démantèlement avait même été établi par les Chefs d’État et de Gouvernement lors du sommet au cours duquel le Président Konaré a été désigné Président en exercice de la Cedeao.

Toutefois, s’agissant de la bonne gouvernance, la Conférence de Bamako qui a évalué la présidence d’Alpha Oumar Konaré à la tête de la Cedeao, a salué les dispositions prises par le Conseil des ministres, notamment l’adoption du Code de transparence dans la gestion des finances publiques et la décision de réformer les systèmes de passation des marchés publics des États membres pour les rendre plus efficaces, économiques et conformes aux pratiques admises au plan international.

Concernant l’harmonisation des législations fiscales, la Conférence a apprécié les importants efforts accomplis dans la poursuite de l’harmonisation des fiscalités intérieures indirectes. Abordant les politiques sectorielles communes, les Chefs d’État et de Gouvernement ont noté, avec satisfaction, les actions menées dans le cadre de la mise en œuvre du processus de leur définition.

Ils ont ainsi apprécié positivement les travaux des ministres chargés de la santé, des ministres chargés des télécommunications et des ministres chargés des mines, dont les résultats ont permis au Conseil des ministres d’adopter, dans chacun de ces domaines, des recommandations pertinentes invitant les États membres à la mise en œuvre de programmes d’actions communautaires prévus par le Traité.

Compte tenu des résultats obtenus et des défis à relever, les Chefs d’État ont décidé de reconduire le Président Alpha Oumar Konaré à la tête de la Cedeao. Celui-ci passera le flambeau à son homologue du Sénégal, Abdoulaye Wade, lors du sommet de Dakar en décembre 2001, alors que les défis en ce qui concerne l’intégration économique, la mise en place des infrastructures de développement au sein de la Cedeao et surtout la libre circulation des personnes et des biens étaient de plus en plus nombreux.

Bien avant de diriger la Conférence des Chefs d’État de la Cedeao, le Président Alpha Oumar Konaré était impliqué dans l’ancrage de la démocratie au sein de la Communauté. Avec son leadership et sa vision pour une sous-région pacifiée et tournée vers le développement durable, il était farouchement opposé aux coups d’État survenus en avril 1999 au Niger puis en Côte d’Ivoire de la même année.

Madiba KEÏTA

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Exploité à ciel ouvert, le site d’orpaillage de Koflatié dans le Cercle de Kangaba voit affluer une majorité d’enfants qui, séduits par l’appât de l’or, abandonnent leurs études pour s’y consacrer. Koflatié s’anime dans un ballet poussiéreux où filles et garçons, pioches et tamis à la main, s’acharnent sur une terre sèche, rêvant d’un avenir meilleur au détriment de leur scolarité. Reportage Sous un soleil brûlant de ce vendredi 14 mars, le site d’orpaillage de Koflatié, situé à 35 km de la ville de Kangaba, est bruyant. Une dizaine de filles, âgées de 12 à 17 ans, s’affairent dans un ballet poussiéreux au bord d’une petite rivière aux eaux troubles. Le bruit des pioches qui frappent la terre sèche résonne, mêlé aux éclats de voix et aux rires sporadiques qui percent la chaleur étouffante. Aucune silhouette masculine ne se dessine à l’horizon. Ici, ce sont les filles qui tiennent les rênes. Aminata Sow, 16 ans, les cheveux bien tressés mais enfouis sous un foulard rouge délavé, creuse avec une détermination farouche. Ses mains, déjà calleuses, manipulent une petite pioche usée, délogeant des mottes de terre qu’elle jette dans un grand tamis métallique. À quelques mètres, sa cousine Fatou, 15 ans, est accroupie près de la rivière. Elle plonge ses mains dans l’eau boueuse pour rincer le tamis, scrutant chaque mouvement avec l’espoir d’y voir briller une pépite. Ses doigts agiles trient les cailloux, et un sourire illumine son visage lorsqu’une minuscule particule dorée scintille sous les reflets du soleil. Plus loin, Mariam Keita, la doyenne du groupe, veille sur tout. À seulement 18 ans, elle porte en elle l’aplomb d’une véritable meneuse. Un seau lourd de sédiments dans les mains, elle avance vers une table bancale, bricolée avec des planches usées. Là, avec une rigueur presque instinctive, elle déverse l’eau sur la terre sombre. Une vieille calebasse devient son alliée, triant sans relâche les graviers dans l’espoir d’y dénicher un éclat précieux. Ses mouvements sont vifs, comme dictés par une habitude ancrée, mais dans son regard brille une fierté discrète, presque secrète. Parfois, sa voix s’élève, ferme et bienveillante, pour guider les plus jeunes : «Secouez bien le tamis, ne laissez rien filer !». Mariam, pilier de ce petit monde, raconte leur histoire sans détour. Elle et les autres filles, souvent orphelines, viennent de foyers démunis. Pour elles, l’école est un luxe abandonné, sacrifié sur l’autel de l’orpaillage, seule voie pour apaiser la faim et survivre un jour de plus. L’air est saturé de poussière ocre qui colle à leurs vêtements élimés et teinte leurs visages en sueur. Certaines portent des robes rapiécées, d’autres des pantalons trop grands, hérités de frères absents. Une chanson s’élève soudain, entonnée par Aïssata Koité, une fillette menue de 14 ans, qui pile des morceaux de roche avec un pilon de bois. Les autres reprennent en chœur, leurs voix claires contrastant avec la rudesse du décor. C’est une mélodie simple, un hymne à leur endurance, qui rythme leurs efforts et chasse la fatigue. Au milieu de ce chaos organisé, une solidarité tacite unit ces filles. Elles échangent des regards complices, s’entraident pour porter les charges lourdes, et partagent une gourde d’eau tiède quand le soleil atteint le zénith. L’or qu’elles extraient est maigre, mais chacune rêve en secret : pour l’une, c’est une nouvelle robe, pour une autre, de quoi payer des habits de fête pour elle et ses parents, et pour une troisième, acheter des kits scolaires et puis retourner à l’école. Sur ce bout de terre aride, elles ne sont pas seulement des chercheuses d’or, mais des battantes. À l’Est du site, là où une flaque d’eau s’élargit et où les berges s’effritent en pentes abruptes, un groupe de garçons s’active sous un ciel voilé de nuages gris. La brise légère charrie une odeur de terre humide et de sueur, tandis que le cliquetis des outils contre la roche ponctue l’air. Ici, pas de filles en vue : ce coin du site, plus rude et accidenté, est leur domaine, un terrain où ils rivalisent et se défient. GROGNE SOUS L’EFFORT- Mamadou Keita, 16 ans, torse nu et muscles tendus, brandit une lourde masse pour fracasser un bloc de pierre extrait d’une cavité peu profonde. La sueur perle sur son front, et il grogne sous l’effort, chaque coup résonnant comme un défi lancé à la terre elle-même. À ses côtés, Samba Diaby, un garçon maigrelet de 14 ans, ramasse les éclats avec une pelle rouillée. Il les entasse dans un vieux bidon cabossé, ses mouvements vifs trahissant une énergie nerveuse. «Plus vite, Samba !» lance Mamadou, un sourire en coin, et le cadet réplique par une grimace moqueuse avant de redoubler d’ardeur. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée Non loin, près d’un puits qui serpente entre les rochers, Issa Diallo, 15 ans, est penché sur une batée en bois. Il fait tournoyer l’eau et le sable avec une concentration presque solennelle, ses yeux plissés scrutant les dépôts au fond. Quand une lueur dorée apparaît, il pousse un cri rauque, attirant l’attention de ses camarades. «J’en ai une !» hurle-t-il, brandissant sa trouvaille comme un trophée. Les autres s’approchent, mi-jaloux, mi-admiratifs, et une vague de taquineries éclate : «Tu as juste de la chance, attends que je trouve la mienne ! » Mais fausse alerte. C’était simplement un petit fragment d’une bille brillante aux allures d’or. «Merde s’écria Issa. Mais continuons ça viendra inshala. Dieu est grand.» Au sommet d’une petite butte, Bakary Keita, 18 ans, trône comme une sentinelle. Le plus âgé et meneur incontesté du groupe, il s’est perché sur un vieux bidon rouillé. Sous ses doigts, une pioche usée reprend vie, frottée contre une pierre plate dans un crissement régulier. Il parle peu, mais son calme impose le respect, une autorité taiseuse qui flotte dans l’air. Quand deux garçons, plus bas, se chamaillent pour un bout de terrain, il se redresse d’un coup. Un sifflement bref déchire le brouhaha, suivi d’un geste sec pour les écarter : «On bosse, pas de bagarre !» Sa voix grave claque comme un ordre, et le silence retombe, seulement percé par le tintement des outils contre la terre. En s’approchant de lui, on découvre son histoire, livrée sans filtre. Bakary n’a pas eu le choix. Dans sa famille, il est l’unique garçon, d’une grande fratrie comprenant 7 sœurs, dont trois souffrent de déficience mentale. «Le seul espoir», dit-il, les épaules lourdes de ce rôle qu’il n’a pas demandé. Avec ses amis, il a tout laissé tomber, les bancs d’école, les rêves d’enfant pour plonger dans l’orpaillage. Ensemble, ils grattent la terre, jour après jour, portés par l’espoir d’une vie un peu moins rude. Leurs vêtements sont tachés de boue, leurs sandales usées laissent voir des pieds noirs de crasse. Certains portent des casquettes déchirées pour se protéger du soleil, d’autres ont noué des bouts de tissu autour de leur tête. Entre deux efforts, ils échangent des blagues ou se lancent des défis : qui cassera le plus gros rocher, qui trouvera la plus belle pépite avant la fin de la journée. Une camaraderie bruyante les lie, faite de rivalités amicales et de coups d’épaule complices. Sous leurs airs bravaches, une tension flotte pourtant. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée. Ils travaillent dur, les mains écorchées et le dos courbé, mais dans leurs rires et leurs provocations percent une vitalité brute, celle de gamins qui refusent de plier face à la misère. Sur cette parcelle du site, ils ne cherchent pas seulement de l’or, ils forgent leur fierté, un coup de pioche à la fois. Envoyé spécial Amara Ben Yaya TRAORÉ

Le Mali célèbre, ce mercredi, le 34ème anniversaire de la chute du général Moussa Traoré. À …

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