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Révision des listes électorales à Bamako : Faible affluence, malgré la prorogation

Débutée le 1er octobre dernier, la révision annuelle des listes électorales, qui devait prendre fin le 31 décembre, a été prorogée jusqu’au 28 février prochain sur toute l’étendue du territoire national ainsi que dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali. Mais pour le momment, l’affluence n’est pas au rendez-vous

Mercredi 22 janvier, il est environ 11 heures 30. Nous sommes à la mairie de Magnambougou en Commune VI du District de Bamako où la révision annuelle des listes électorales (Rale) de 2024 prolongée se déroule. Ici, l’affluence est morose. Les usagers arrivent au compte-goutte.  Les membres de la commission administrative, autour d’une longue table rectangulaire, sont en train de remplir les listes de transfert des électeurs.

«Ces listes ne sont valables que si elles sont signées par tous les membres de la commission», s’empresse de confier un agent. Ces membres au nombre de 38 sont issus de l’administration et des partis politiques. Ibrahim Dicko, un usager, procède au transfert de son bureau de vote de Sabalibougou (Commune V) à Banankabougou (Commune VI). à la demande de l’agent, il présente la photo de sa carte biométrique dans son smartphone.

Après l’inscription de son prénom, nom et nouveau centre de vote sur trois exemplaires de la liste de transfert, le jeune homme d’une trentaine d’années signe ces documents.  «J’ai fait ce transfert pour être proche de mon centre de vote», déclare celui qui a déménagé à Banankabougou depuis 2022. L’autre raison de son acte civique est de participer aux votes lors des prochaines élections dans notre pays. «Le vote est très important puisqu’il nous permet d’élire des gens qui peuvent répondre à nos aspirations. C’est pour cette raison qu’on vote», explique notre interlocuteur.

Il faut dire que tous les habitants de la cité des trois caïmans n’ont pas la même perception qu’Ibrahim Dicko. D’où l’absence d’engouement autour du processus au niveau des Commune VI, V et III du District de Bamako, où notre équipe de reportage s’est rendue en ce mercredi. Cela, malgré l’initiative du gouvernement de proroger la Rale jusqu’au 28 février prochain sur toute l’étendue du territoire national ainsi que dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali. 

20 À 30 PERSONNES PAR JOUR- Il convient de rappeler que l’opération, qui commence d’ordinaire le 1er octobre, prend fin le 31 décembre chaque année. Pour certains membres des commissions administratives, cette prorogation n’a pas atteint les effets escomptés. «Il fallait plutôt organiser une opération spéciale après la période normale», pense un agent.

En effet, il ressort des statistiques des différents sites qu’il y a moins d’affluence qu’avant la prorogation. Si actuellement, la mairie de Magnambougou enregistre 20 à 30 personnes par jour pour le transfert, elle recevait une cinquantaine avant la prorogation. «Souvent, on peut faire des semaines sans que personne ne vienne pour la radiation», se désole Souleymane Mallé, membre de la commission de la localité. Même constat au niveau des Communes V et III où il y a moins d’affluence qu’auparavant, selon les responsables des commissions.

En ce mercredi, les membres de la Commission de la Commune V tournent les pouces. à notre passage sur ce site aux environs de midi, aucun usager n’était visible. D’après le président de la commission, le site enregistre une à deux personnes par jour pour la radiation et le transfert. «Avant la prorogation, c’était vraiment animé. On pouvait avoir 20 à 30 radiations par jour », signale-t-il.

De son côté, le président de la commission de la Commune III, Sory Sidibé dira que malgré la prorogation, les gens ne viennent pas radier leurs parents décédés. Alors que cela est important pour le nettoyage du fichier, selon lui. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’enlever les gens. Il faut que les parents se présentent avec les actes dûment établis », explique-t-il.

En ce jour, cette commission a enregistré entre 300 et 400 transferts depuis le début de l’opération. Cependant, pour la radiation, elle a eu 80 radiations sur la base des registres de décès. «On a été obligé de travailler avec ces documents pour faire la radiation. Sinon, depuis que l’opération a commencé, personne n’est venue faire la radiation», indique Sory Sidibé. Avant de signaler le non-paiement de leurs «perdiems».

Les commissions invitent les partis politiques à mobiliser leurs partisans qui sont nouveaux majeurs à venir s’inscrire afin d’avoir un fichier propre. Signalant un manque de communication autour de l’opération, elles demandent au gouvernement de redoubler d’ardeur pour sensibiliser les jeunes à venir s’inscrire sur la liste électorale.

Les commissions procèdent à plusieurs actions. Il s’agit, entre autres, de l’inscription des citoyens en âge de voter sur la liste électorale, disposant d’un Numéro d’identification nationale (Nina), de ceux figurant dans la base de données biométriques de l’état civil avec leurs photos et empreintes digitales, qui rempliront dans l’année en cours, les conditions d’âge pour être électeurs.

Mais aussi des citoyens en âge de voter figurant dans la base de données biométriques de l’état civil n’ayant pas leurs photos et leurs empreintes digitales, enrôlés à la diligence du ministère chargé de l’Administration territoriale, sur présentation du récépissé d’enrôlement ou de la fiche descriptive individuelle.

Il convient de préciser que la radiation concerne les électeurs décédés, ceux inscrits indûment ou par erreur lors de la précédente révision, même si leur inscription n’a fait l’objet d’aucune réclamation. S’y ajoutent les électeurs condamnés à une peine entrainant l’incapacité électorale et de ceux auxquels les tribunaux ont interdit le droit de voter, en application de la loi.

Le transfert porte sur les cas de changement de résidence d’électeurs à l’intérieur d’une même commune, ambassade ou consulat, d’une commune, ambassade ou consulat à une autre, des déplacés, des réfugies maliens de retour dans les communes de leur choix.

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Le politologue Mamadou Samaké explique les raisons de la Faible du manque d’engouement 

Expliquant les raisons du manque d’engouement autour de l’opération de révision annuelle des listes électorales (Rale), l’enseignant-chercheur à l’université Kurukanfuga de Bamako (ex-Faculté des sciences administratives et politiques de Bamako), Pr Mamadou Samaké, a imputé la situation à deux aspects. Le premier est relatif à la faible capacité de mobilisation des partis politiques.

D’après l’universitaire, normalement, ce sont les formations politiques qui doivent inciter leurs militants, nouveaux majeurs à aller s’inscrire sur les listes électorales. Il expliquera ensuite que c’est à partir de la révision des listes électorales qu’on détermine le corps électoral, c’est-à-dire ceux qui sont habilités à aller voter. « Donc, un parti qui veut gagner les élections, c’est à partir de ce moment qu’il faut mobiliser les militants à s’enregistrer sur les listes électorales », estime-t-il.

Le second aspect que l’enseignant-chercheur évoque a trait à l’incivisme des citoyens. Pour lui, on n’a pas compris que la carte d’électeur peut être un moyen de sanction. « Si un pouvoir ne travaille pas ou ne remplit pas le programme qu’il a soumis aux citoyens, normalement, c’est à partir des élections qu’il faut le sanctionner », signale le politologue. Et de poursuivre : « …si vous n’êtes pas inscrit sur la liste électorale, il est évident que vous ne pourrez pas voter ».

Pour renverser la tendance, le spécialiste conseille de sortir de l’inscription automatique. D’après Pr Mamadou Samaké, la révision se fait actuellement sur la base de cahier de recensement. « Dès lors que tu as 18 ans, automatiquement, ton nom est inscrit sur la liste électorale.
Ce qui fait qu’aujourd’hui la liste est artificiellement gonflée», déclare-t-il.

Notre interlocuteur indique que rares sont ceux qui vont déclarer les décès au niveau de l’état civil dans notre pays, sauf ceux qui ont des problèmes d’héritage. Alors que les personnes décédées doivent être normalement radiées de la liste électorale. «Mais, ce n’est pas toujours le cas», déplore Pr Mamadou Samaké qui ajoute à cela, la non-fiabilité de l’état civil.

Il rappelle que les élections de 1997 ont été annulées, car la liste électorale n’était pas fiable, selon l’argument de la Cour constitutionnelle d’alors. Et depuis cette date, souligne le politologue, les partis politiques se sont toujours plaints de la non-fiabilité de la liste électorale. « Donc, cette opération de mise à jour consiste à radier ceux qui sont déjà morts et à transférer ceux qui ont changé de résidence.

Malheureusement, les gens changent de résidence sans le déclarer », soutient l’enseignant-chercheur. Avant de signaler que l’objectif de la révision annuelle des listes électorales est d’avoir un fichier propre afin d’éviter la fraude électorale.

Bembablin DOUMBIA

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Exploité à ciel ouvert, le site d’orpaillage de Koflatié dans le Cercle de Kangaba voit affluer une majorité d’enfants qui, séduits par l’appât de l’or, abandonnent leurs études pour s’y consacrer. Koflatié s’anime dans un ballet poussiéreux où filles et garçons, pioches et tamis à la main, s’acharnent sur une terre sèche, rêvant d’un avenir meilleur au détriment de leur scolarité. Reportage Sous un soleil brûlant de ce vendredi 14 mars, le site d’orpaillage de Koflatié, situé à 35 km de la ville de Kangaba, est bruyant. Une dizaine de filles, âgées de 12 à 17 ans, s’affairent dans un ballet poussiéreux au bord d’une petite rivière aux eaux troubles. Le bruit des pioches qui frappent la terre sèche résonne, mêlé aux éclats de voix et aux rires sporadiques qui percent la chaleur étouffante. Aucune silhouette masculine ne se dessine à l’horizon. Ici, ce sont les filles qui tiennent les rênes. Aminata Sow, 16 ans, les cheveux bien tressés mais enfouis sous un foulard rouge délavé, creuse avec une détermination farouche. Ses mains, déjà calleuses, manipulent une petite pioche usée, délogeant des mottes de terre qu’elle jette dans un grand tamis métallique. À quelques mètres, sa cousine Fatou, 15 ans, est accroupie près de la rivière. Elle plonge ses mains dans l’eau boueuse pour rincer le tamis, scrutant chaque mouvement avec l’espoir d’y voir briller une pépite. Ses doigts agiles trient les cailloux, et un sourire illumine son visage lorsqu’une minuscule particule dorée scintille sous les reflets du soleil. Plus loin, Mariam Keita, la doyenne du groupe, veille sur tout. À seulement 18 ans, elle porte en elle l’aplomb d’une véritable meneuse. Un seau lourd de sédiments dans les mains, elle avance vers une table bancale, bricolée avec des planches usées. Là, avec une rigueur presque instinctive, elle déverse l’eau sur la terre sombre. Une vieille calebasse devient son alliée, triant sans relâche les graviers dans l’espoir d’y dénicher un éclat précieux. Ses mouvements sont vifs, comme dictés par une habitude ancrée, mais dans son regard brille une fierté discrète, presque secrète. Parfois, sa voix s’élève, ferme et bienveillante, pour guider les plus jeunes : «Secouez bien le tamis, ne laissez rien filer !». Mariam, pilier de ce petit monde, raconte leur histoire sans détour. Elle et les autres filles, souvent orphelines, viennent de foyers démunis. Pour elles, l’école est un luxe abandonné, sacrifié sur l’autel de l’orpaillage, seule voie pour apaiser la faim et survivre un jour de plus. L’air est saturé de poussière ocre qui colle à leurs vêtements élimés et teinte leurs visages en sueur. Certaines portent des robes rapiécées, d’autres des pantalons trop grands, hérités de frères absents. Une chanson s’élève soudain, entonnée par Aïssata Koité, une fillette menue de 14 ans, qui pile des morceaux de roche avec un pilon de bois. Les autres reprennent en chœur, leurs voix claires contrastant avec la rudesse du décor. C’est une mélodie simple, un hymne à leur endurance, qui rythme leurs efforts et chasse la fatigue. Au milieu de ce chaos organisé, une solidarité tacite unit ces filles. Elles échangent des regards complices, s’entraident pour porter les charges lourdes, et partagent une gourde d’eau tiède quand le soleil atteint le zénith. L’or qu’elles extraient est maigre, mais chacune rêve en secret : pour l’une, c’est une nouvelle robe, pour une autre, de quoi payer des habits de fête pour elle et ses parents, et pour une troisième, acheter des kits scolaires et puis retourner à l’école. Sur ce bout de terre aride, elles ne sont pas seulement des chercheuses d’or, mais des battantes. À l’Est du site, là où une flaque d’eau s’élargit et où les berges s’effritent en pentes abruptes, un groupe de garçons s’active sous un ciel voilé de nuages gris. La brise légère charrie une odeur de terre humide et de sueur, tandis que le cliquetis des outils contre la roche ponctue l’air. Ici, pas de filles en vue : ce coin du site, plus rude et accidenté, est leur domaine, un terrain où ils rivalisent et se défient. GROGNE SOUS L’EFFORT- Mamadou Keita, 16 ans, torse nu et muscles tendus, brandit une lourde masse pour fracasser un bloc de pierre extrait d’une cavité peu profonde. La sueur perle sur son front, et il grogne sous l’effort, chaque coup résonnant comme un défi lancé à la terre elle-même. À ses côtés, Samba Diaby, un garçon maigrelet de 14 ans, ramasse les éclats avec une pelle rouillée. Il les entasse dans un vieux bidon cabossé, ses mouvements vifs trahissant une énergie nerveuse. «Plus vite, Samba !» lance Mamadou, un sourire en coin, et le cadet réplique par une grimace moqueuse avant de redoubler d’ardeur. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée Non loin, près d’un puits qui serpente entre les rochers, Issa Diallo, 15 ans, est penché sur une batée en bois. Il fait tournoyer l’eau et le sable avec une concentration presque solennelle, ses yeux plissés scrutant les dépôts au fond. Quand une lueur dorée apparaît, il pousse un cri rauque, attirant l’attention de ses camarades. «J’en ai une !» hurle-t-il, brandissant sa trouvaille comme un trophée. Les autres s’approchent, mi-jaloux, mi-admiratifs, et une vague de taquineries éclate : «Tu as juste de la chance, attends que je trouve la mienne ! » Mais fausse alerte. C’était simplement un petit fragment d’une bille brillante aux allures d’or. «Merde s’écria Issa. Mais continuons ça viendra inshala. Dieu est grand.» Au sommet d’une petite butte, Bakary Keita, 18 ans, trône comme une sentinelle. Le plus âgé et meneur incontesté du groupe, il s’est perché sur un vieux bidon rouillé. Sous ses doigts, une pioche usée reprend vie, frottée contre une pierre plate dans un crissement régulier. Il parle peu, mais son calme impose le respect, une autorité taiseuse qui flotte dans l’air. Quand deux garçons, plus bas, se chamaillent pour un bout de terrain, il se redresse d’un coup. Un sifflement bref déchire le brouhaha, suivi d’un geste sec pour les écarter : «On bosse, pas de bagarre !» Sa voix grave claque comme un ordre, et le silence retombe, seulement percé par le tintement des outils contre la terre. En s’approchant de lui, on découvre son histoire, livrée sans filtre. Bakary n’a pas eu le choix. Dans sa famille, il est l’unique garçon, d’une grande fratrie comprenant 7 sœurs, dont trois souffrent de déficience mentale. «Le seul espoir», dit-il, les épaules lourdes de ce rôle qu’il n’a pas demandé. Avec ses amis, il a tout laissé tomber, les bancs d’école, les rêves d’enfant pour plonger dans l’orpaillage. Ensemble, ils grattent la terre, jour après jour, portés par l’espoir d’une vie un peu moins rude. Leurs vêtements sont tachés de boue, leurs sandales usées laissent voir des pieds noirs de crasse. Certains portent des casquettes déchirées pour se protéger du soleil, d’autres ont noué des bouts de tissu autour de leur tête. Entre deux efforts, ils échangent des blagues ou se lancent des défis : qui cassera le plus gros rocher, qui trouvera la plus belle pépite avant la fin de la journée. Une camaraderie bruyante les lie, faite de rivalités amicales et de coups d’épaule complices. Sous leurs airs bravaches, une tension flotte pourtant. Chaque éclat d’or arraché à la terre représente un peu d’argent pour leurs familles, un repas de plus ou une dette évitée. Ils travaillent dur, les mains écorchées et le dos courbé, mais dans leurs rires et leurs provocations percent une vitalité brute, celle de gamins qui refusent de plier face à la misère. Sur cette parcelle du site, ils ne cherchent pas seulement de l’or, ils forgent leur fierté, un coup de pioche à la fois. Envoyé spécial Amara Ben Yaya TRAORÉ

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