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Le M5-RFP doit rendre compte et implorer le pardon du peuple du Mali

Le Mali va de mal en pis, depuis ce 18 août 2020 où l’on a fait miroiter au peuple l’imminence d’un changement vers le progrès et vers un mieux-être individuel et collectif qui seraient intervenus à la suite du coup d’Etat.

Hélas, 4 ans après, le rêve des « pseudo-forces du changement » est mis à rude épreuve et la révolution continue, sans coup férir et sans pitié, de manger les acquis du développement. Les mauvaises options politiques continuent d’asphyxier inexorablement le peuple du Mali et le contraignent à la résignation. La semelle de la godasse s’est, désormais, confortablement posée sur le cou de la démocratie, et la baïonnette est constamment et douillettement pointée sur les libertés individuelles et collectives.

Et pourtant, nombreux étaient ces Maliennes et ces Maliens qui ont battu le pavé et arpenté les trottoirs du Boulevard de l’indépendance jusqu’à en transformer en une mosquée géante du vendredi, un 5 Juin 2020 devenu mémorable pour l’imaginaire collectif, qui pour revendiquer un accès universel aux soins de santé, qui pour demander une meilleure redistribution des richesses de l’État, qui pour solliciter un accès universel à l’eau potable, qui pour réclamer une meilleure distribution de l’électricité, qui pour requérir un accès équitable à la justice et une meilleure garantie des libertés, qui enfin pour exiger plus de sécurité et de paix durable sur toute l’étendue du territoire du Mali.

Le rappel profite aux croyants et à l’heure du bilan le constat amer est sans équivoque. Le Mali ne se porte pas mieux, pire il a régressé dans bien de domaines. Et nous n’avons point besoin de microscope pour s’en apercevoir : nos hôpitaux sont en décrépitude permanente rendant aléatoire l’accès aux services de santé et aux soins de qualité avec un plateau technique vétuste et en piteux état, un personnel démotivé, une hygiène catastrophique…

Une régression déconcertante de l’accès à l’électricité avec de longues et interminables heures de coupures atteignant des niveaux jamais connus par le passé… Une faîtière d’électricité qui n’est que l’ombre d’elle-même, une structure au bord de l’effondrement avec un niveau d’endettement sans précédent.

L’insécurité a atteint des niveaux inquiétants, elle se généralise et oblige les paisibles citoyens à s’y accommoder se traduisant parfois par des signatures de pactes entre les communautés locales et les forces du mal, souvent par des déplacements massifs des populations quittant leur terroir avec armes et bagages…. La guerre contre le terrorisme prend une toute autre tournure et fait peser sur notre pays le risque de devenir le symbole de la dichotomie Est-Ouest et le théâtre de l’affrontement des grandes puissances…

Les voix dissonantes ne sont plus audibles, elles sont soit bâillonnées, soit encellulées soit contraintes à l’exil forcé. Comme dirait l’autre «…la révolution a mangé la liberté d’expression…». Faire de la politique relève dorénavant d’un véritable parcours du combattant.

Les meilleurs n’osent plus s’essayer, laissant la place à des aventuriers d’une autre époque. Notre diplomatie est rendue réactionnaire, va-t’en guerre et dépassée résumant la souveraineté à une réciprocité inintelligente et provoquant un esseulement persistant de notre pays.

Les services sociaux de base se périclitent lamentablement, les secteurs vitaux de notre économie s’essoufflent, le panier de la ménagère se vide, les acquis se dégringolent, la dette intérieure s’amplifie et accroît plus vite que la dette extérieure, et 70% de notre budget est investi dans le fonctionnement empêchant toute vision de développement, donc tout empêchant tout progrès.

De toute évidence, l’état de santé du grand corps malade se dégrade et devient désespérant, le pays manque de tout ou presque. Mais de notre résilience légendaire, nous continuons à nous suffire de nos petites avancées. Les travers de la résilience et la promotion de la médiocrité empêchent même les plus courageux de réfléchir, de proposer et de produire sans se prendre une horde de critiques infâmes des sous-fifres de tel ou tel camp.

Tout ceci révèle de l’immaturité ou du moins de l’égocentrisme de certains leaders politiques et des dirigeants de la transition qui se traduisit par des comportements qui s’apparentent à ce qu’on appelle en psychanalyse le complexe d’Œdipe. Œdipe, qui dans la mythologie grecque, s’est rendu involontairement coupable d’inceste et de parricide. Nos politiques et nos dirigeants aujourd’hui, tellement disent-ils “aimer” leur mère patrie, finissent par la violer et la tuer.

À la question de à qui la faute ? En ce jour tristement célèbre d’anniversaire de coup d’Etat, j’assume mon dire et pointe mon doigt accusateur sur les responsables du M5-RFP toutes tendances confondues.

Oui je les accuse d’avoir créé un monstre incontrôlable et dépourvu de capacités d’anticipation. Oui je les accuse d’avoir pris le risque de conduire le peuple vers un avenir incertain. Oui je les accuse de n’avoir jamais réussi à obtenir, des autorités de la transition, la conduite efficiente d’une procédure judiciaire pour les personnes ayant perdu la vie lors des manifestations du 10 au 13 Juillet 2020. Oui je les accuse d’avoir privilégié les intérêts personnels, pour certains, au détriment de ceux ayant motivé la mobilisation du peuple.

L’histoire retiendra que les revendications légitimes du peuple ont été dévoyées, et sans que, jamais, justice ne soit rendue aux martyrs des évènements des 11, 12, et 13 Juillet 2020, et sans que le changement tant attendu et vaillamment réclamé ne soit toujours pas au rendez-vous.

J’encourage la classe politique à continuer de s’inspirer des acquis de la démocratie pour bâtir et entretenir des relations de militants avec le peuple du Mali ; à cultiver le respect vis-à-vis du denier et du bien public, à faire la promotion du leadership de compétence, à servir le peuple et non se servir des acquis du peuple, et enfin à s’inspirer de nos cultures et de nos traditions pour construire des identités propres à nos valeurs et exemptes de tout mimétisme et de tout psittacisme.

Enfin, je formule le souhait ardent d’une grande mobilisation autour de l’essentiel, le retour rapide et urgent à un ordre constitutionnel par le recours aux élections générales. Le Mali vaut mieux !!! Ceci est une contribution pour faire valoir et servir le destinataire in fine. Que Dieu bénisse le Mali et préserve les Maliennes et les Maliens !

Dionké Fofana/Expert /Analyste en Sciences sociales, politiques et économiques

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