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Les hésitations ou, à l’inverse, la brutalité des sanctions économiquesde la Cédéao ont montré une organisation régionale mal aimée et trop faible pour résoudre les crises politiques.
Sa dernière mission au Togo, cette semaine, vient renforcer ce sentiment. Le Togo est secoué par une crise politique depuis l’adoption, le 25 mars, d’une nouvelle Constitution qui change l’actuel régime présidentiel en régime parlementaire.
Dans un premier communiqué, la Cédéao parlait d’une mission exploratoire et affirmait que la mission devait aborder “les derniers développements dans le pays avant les élections législatives et régionales du 29 avril 2024 “. En clair, il s’agissait aussi de parler de la nouvelle Constitution controversée. L’opposition affirmant qu’elle permettra au président togolais de se maintenir au pouvoir.
Dans le second communiqué du 16 avril, l’organisation sous-régionale indique qu’il s’agit finalement d’une mission d’information qui s’inscrit “dans la perspective des élections législatives et régionales”.
La Cédéao a donc corrigé en affirmant qu’elle était sur place uniquement pour discuter des élections législatives du 29 avril. Un revirement que certains considèrent comme un aveu de faiblesse.
L’impact des coups d’Etat
Pendant longtemps, la Cédéao a été considérée comme l’une des organisations régionales la plus développées institutionnellement en Afrique. Mais c’était avant les coups d’Etat militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée.
Depuis, l’organisation semble manquer d’autorité, de légitimité et d’outils d’intervention efficaces. Les problèmes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest sont devenus clairement visibles lorsque le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait de l’institution, en janvier 2024.
Une réintégration de ces trois pays au sein de la Cédéao est considérée comme très improbable par la plupart des observateurs politiques de la région.
Le politologue nigérien Dicko Abdourahamane se montre par exemple pessimiste quant aux possibilités d’une réintégration des trois Etats, surtout que ceux-ci disposent désormais de leur propre organisation alternative : l’Alliance des Etats du Sahel (AES).
” Si le Niger, le Burkina Faso et le Mali acceptaient de revenir au sein de la Cédéao, c’est comme s’ils tournaient le dos à cette nouvelle orientation politique, à ce nouveau projet politique qu’on appelle l’AES, qui est une alternative à la Cédéao. Ces pays peuvent accepter de revenir, mais au nom de l’AES” explique Dicko Abdourahamane.
Réformer pour survivre
Outre le retrait des pays sahéliens, le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, a émis des souhaits de “changements radicaux au sein de la Cédéao” et n’exclut pas non plus d’abandonner le franc CFA .
Dans ce contexte incertain, selon l’éditorialiste sénégalais Hamidou Sagna, la survie de la Cédéao ne sera possible qu’à certaines conditions.
Selon lui “si on met en avant d’abord le concept de démocratie et ensuite le concept d’économie, si on parvient à réaliser ce lien cohérent, alors, il est possible d’envisager une Cédéao réformée et solide au service des Etats et des populations.”
“La Cédéao n’aura d’avenir que si ses pays membres réfléchissent à l’esprit du panafricanisme et s’unissent“, estime pour sa part Carlos Pereira, analyste politique et activiste en Guinée-Bissau. Selon lui, la coopération et l’intégration sont plus que jamais importantedans la région.