Peut-on dire un bras de fer entre les magistrats du Mali et les autorités de transition, c’est que l’on a pu observer à travers le communiqué conjoint N°2024-01 du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat Libre de la Magistrature(SY.LI.MA), publié en ce jour 12 février.
Le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) dirigé par Bourama K. KONATE et le Syndicat Libre de la Magistrature(SY.LI.MA) dirigé par Hady Macky SaLL qui ont signé le communiqué conjoint expliquent que leurs syndicats ont suivi avec étonnement l’édiction ainsi que la diffusion, par le Ministre de la Fonction Publique, d’une circulaire en date du 17 janvier 2024 adressée à l’ensemble des fonctionnaires du Mali, y compris les magistrats, invitant à l’observation des heures légales de service et à proscrire l’absentéisme. Le SAM et le SYLIMA ont davantage été éberlués, à cette occasion, par une correspondance de Monsieur le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, qui a relayé, curieusement, ce courrier auprès de l’ensemble des magistrats.
Les deux syndicats de la magistrature malienne dira que face à cette atteinte indiscutable et intolérable de l’indépendance du Pouvoir Judiciaire, sur fond de velléité caporaliste, ils tiennent à faire observer au Gouvernement de la Transition que les magistrats, certes agents publics, ne sont nullement des fonctionnaires régis par le Statut général de la fonction publique pour justifier que le ministre en charge de ce domaine veuille les soumettre à son autorité.
Le SAM et le SYLIMA rappellent une fois de plus que par rapport à l’organisation administrative et interne des juridictions est du seul ressort des chefs de juridictions et de parquets qui s’acquittent de ce devoir sous le seul regard du Conseil Supérieur de la Magistrature. Et précisent que l’institution judiciaire a ses particularités qui expliquent que, d’une part, les magistrats sont régis par un statut autonome du fait du rang constitutionnel qui leur est dû et, d’autre part, les juridictions ne sont pas soumises au même mode de fonctionnement que l’administration générale. Cela est d’autant plus vrai que toute interruption du traitement de certaines affaires est formellement interdite. C’est pourquoi les magistrats conduisent, bien souvent, des audiences jusqu’à des heures avancées de la nuit sans percevoir le moindre centime comme prime ou indemnité au titre des heures supplémentaires, contrairement à ce qui s’observent chez d’autres agents publics.
Car pour eux la tendance actuelle, en matière de stratégie de gérance aussi bien des ressources humaines que des tâches, repose sur la Gestion Axée sur le Résultat. Cela explique que seul devrait importer le rendement d’un service ou d’un agent.
Pour les magistrats, il faudrait que le Gouvernement de Transition sache que le Mali Kura exige la rupture avec la confusion et un attachement indéfectible à la séparation des Pouvoirs constitutionnels, ce qui requiert l’observance de l’orthodoxie républicaine dans la conduite des affaires publiques.
Enfin, le SAM et SYLIMA condamnent fermement cette immixtion de l’Exécutif dans les affaires du Pouvoir Judiciaire, et ils invitent les magistrats à ne se conformer qu’aux seules prescriptions statutaires et légales qui leur sont propres.
Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net