L’émission de radio et de télé est depuis plusieurs mois la cible des militaires au pouvoir qui multiplie les actions pour empêcher les journalistes de faire leur travail
« Les Grandes gueules » est une émission radiophonique et télévisée des plus suivies en Guinée et en Afrique de l’Ouest. Mais depuis des mois maintenant, elle est la cible des autorités militaires au pouvoir en Guinée. Mise en demeure par la Haute autorité de la communication, brouillage des ondes, retrait du bouquet Canal + des médias Espace TV et Espace FM qui la diffuse : les Grandes gueules traversent le pire moment de leur existence.
L’émission
Chaque matin, du lundi au vendredi, entre 9h et midi, des journalistes se retrouvent dans le studio A de la radio Espace Guinée pour commenter l’actualité. Lamine Guirassy et ses collègues chroniqueurs occupent le quotien des Guinéens depuis plus de quinze ans. Ils sont souvent très critiques vis-à-vis des dirigeants et responsables politiques. « Les Grandes gueules, c’est un talk-show, mais c’est d’abord l’actualité », explique-t-il. « Evidemment le ton peut déranger, mais on l’a voulu comme ça aussi », précise Lamine Guirassy.
Qu’est-ce qui dérange ?
» Ça dérange parce que nous touchons à des intérêts, nous touchons la joue « , estime l’animateur principal de l’émission. » Chaque année, évidemment, il y a des problèmes. Après, on ne peut pas avoir une émission aussi populaire sans s’attendre à ce qu’il puisse y avoir des problèmes avec les autorités. »
Jacques Lewa Leno, directeur d’Espace TV et l’un des chroniqueurs des « Grandes gueules » soutient que son équipe a toujours évolué de façon professionnelle, en donnant la parole à tout le monde. » A chaque fois qu’il ya un sujet qui concerne un ministre, un directeur national, ils le savent, nous avons toujours récupéré l’information », insiste-t-il.
Les attaques répétées contre l’émission et la télé Espace TV et Espace FM exaspèrent sur place. » C’est comme si l’Etat devient un pirate dans son propre pays, qu’il s’en prend aux entreprises de presse, en mettant de la musique pendant que ces médias sont en train de dérouler leur programme », se fâche Moussa Yéro Bah, la seule femme chroniqueuse dans les Grandes gueules. » C’est une violation du droit à l’information, tout simplement. »
Consolation pour l’équipe : malgré les restrictions des réseaux sociaux et le brouillage des ondes, certains auditeurs trouvent toujours le moyen d’écouter leur émission préférée.
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Source : DW