Les mauvaises pratiques ont la vie dure, dit un adage. Le mal du siècle qu’est la corruption n’est pas prêt à quitter notre pays. Malgré l’engagement des autorités de la transition à refonder un Mali Kura débarrassé de toutes les mauvaises pratiques, la corruption persiste de plus belle. Pour preuve, le dernier concours de la fonction publique organisé en décembre 2023 a été annulé suite à la découverte d’un vaste réseau de fraude. Une honte nationale qui mérite des sanctions exemplaires contre les agents de l’Etat qui s’adonnent à de telle pratique humiliante pour notre pays.
Alors que notre pays est engagé dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité, les autorités redoublent de vigilance contre la corruption qui est la source de beaucoup de nos maux. Après la croisade ouverte contre les délinquants financiers, c’est le tour des fraudeurs. Il s’agit de ceux qui tripatouillent les résultats des concours d’entrée à la fonction publique favorisant ainsi certains au détriment des plus méritants.
Dans un communiqué du ministère du Travail, de la fonction publique et du dialogue social, lu à la télévision nationale le lundi soir pendant le journal, l’on apprend l’annulation des résultats du concours de la fonction publique déroulé du 23 au 31 décembre 2023.
Les autorités soutiennent que cette décision s’inscrit dans la droite ligne des idéaux du Mali Kura qui prône l’objectivité et la récompense du mérite.
Selon des sources, la décision fait suite à des pratiques frauduleuses et des manipulations qui auraient été mises en place pour influencer les résultats de ce concours. En entendant que des têtes tombent, des sources croient savoir que plusieurs hauts fonctionnaires, impliqués dans l’organisation du concours, sont mêlés dans cette affaire de fraude et de corruption.
En tout cas, même si les autorités sont à saluer pour leur vigilance, il faut reconnaître que c’est une honte pour notre pays. Cela, quand on sait qu’en 2020 le peuple malien s’est levé comme un seul homme pour chasser le régime de feu Ibrahim Boubacar KEÏTA accusé de mauvaise gouvernance.
Plus de trois ans après le départ de ce régime, notre pays souffre toujours de ce mal particulier, qui engendre toutes les difficultés économiques et sociales : la corruption. Alors que certains se battent pour être admis à la fonction publique, d’autres choisissent de passer par des raccourcis. Ils sont aidés dans cette sale besogne par des cadres payés par l’Etat qui leur tendent la courte échelle.
Endémique depuis l’avènement de la démocratie, la corruption a atteint le sommet dans notre pays. Si elle n’est pas spécifique au Mali, elle est parvenue à y bousculer les équilibres fragiles d’une société multiculturelle. On peut relier toutes les crises maliennes des vingt dernières années au partage des fruits de la corruption. Le plus souvent, les plus méritants sont mis de côté en privilégiant des proches ou ceux qui ont les moyens pour corrompre.
Et on le sait, les groupes armés prospèrent sur le terreau des injustices. Un jeune désespéré suite à un acte de corruption sera facilement récupéré par les ennemis de la paix. Donc ce dossier doit être traité de façon rigoureuse en mettant à la disposition de la Justice tous les auteurs et leurs complices. Après enquêtes et jugements, des sanctions exemplaires doivent être prises contre les coupables pour servir de leçon aux autres qui s’adonnent à ces pratiques honteuses.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info Matin