L’affaire remonte au kidnapping de l’ex-chef de l’opposition politique. Boulo dit Aly Diallo a soutiré 40 millions de F CFA à la famille et au parti du défunt député avec la promesse d’obtenir sa libération.
Ce n’était que du vent. La justice vient de sévir à son encontre.
Des escrocs ont plus d’un tour dans leur sac et ne reculent visiblement devant aucune énormité ou obscénité pour assouvir leur soif de gains faciles. La misère des autres (décès, maladie, enlèvement…) est donc exploitée à fond par certains filous pour des espèces sonnantes et trébuchantes.
Saviez-vous par exemple que l’enlèvement de feu Soumaïla Cissé, en 2020, pendant qu’il était en campagne pour les législatives dans son Niafunké natal a été pain béni pour des aigrefins ? Si non, retenez tout simplement que la famille de Soumi Champion a été délestée de la bagatelle de 40 millions de F CFA comme rançon à payer contre sa libération sur le champ.
Mais comme le mensonge est toujours terrassé par la vérité, le pot aux roses est vite découvert, car malgré leur empressement à encaisser les sous (par Orange-Money et par personnes interposées), les escrocs ne parvinrent jamais à honorer leur promesse, l’ex-chef de file de l’opposition malienne étant à l’époque détenu à mille lieues de Bamako par un groupe dont ils ignoraient tout. Pour la justice qui vient de démêler l’enchevêtrement, le seul responsable de cette manœuvre frauduleuse n’est autre que le nommé Boulo dit Aly Diallo.
L’affaire a fait l’objet d’une plainte au Tribunal de grande instance de la Commune III du district de Bamako, qui vient de se prononcer. Statuant publiquement et contradictoirement en premier ressort, le TGI de la Commune III a déclaré Boulo Aly Diallo coupable des faits qui lui sont reprochés. Pour la répression, il l’a condamné à 5 ans de prison, dont 2 avec sursis. En outre, il a reçu Mamadou Bâ et Dédéou Traoré en leur constitution de partie civile tout en condamnant Boulo Aly Diallo à leur payer la somme de 40 millions de F CFA, représentant la valeur du montant détourné. L’exécution provisoire et la condamnation du prévenu aux dépens font également partie du dispositif de ce jugement.
Professionnalisme
Mais avant d’en arriver là que de péripéties ! Il faut dire que le cabinet d’instruction dirigé par le juge Demba Macina a réalisé un travail de fourmi à souligner. C’est un travail d’orfèvre qui est à l’origine de son ordonnance définitive de non-lieu partiel, de maintien en détention et de renvoi en police correctionnelle dans cette affaire, en date du 22 décembre 2022.
L’information a établi que courant l’année 2020, suite à l’enlèvement de l’honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition malienne par les djihadistes, dans la circonscription électorale de Niafunké, Boulo dit Aly Diallo et ses acolytes trouvèrent cette situation comme une aubaine. Ainsi, note le cabinet, ils rentrèrent en contact avec les proches de la victime en se présentant comme les kidnappeurs de celle-ci. Une fois ladite somme perçue, Boulo Aly Diallo et ses acolytes furent aux abonnés absents sans la libération de l’honorable député. Mais c’était sans compter avec le professionnalisme de la Brigade territoriale du fleuve qui a mis la main sur le sieur Diallo alors que ses prétendus acolytes étaient introuvables.
En réalité, l’instruction a rejeté le chef d’inculpation association de malfaiteurs dans la mesure où les nommés Ladji Diallo, Kabou Ag Boulaï et Aly Ag Moha cités par le prévenu n’ont jamais été retrouvés ni identifiés. Du reste, cette version est corroborée par l’inculpé dans le procès-verbal d’interrogatoire sur le fond en date du 21 juin 2021. Convaincu que l’infraction d’escroquerie est consommée en dépit des dénégations de Boulo Aly Diallo, le juge d’instruction avait indiqué qu’il convenait de poursuivre Boulo dit Aly Diallo suivant les dispositions de l’article 275 du code pénal.
Condamné à rembourser 40 millions de FCFA et à 5 ans de prison, Boulo dit Aly Diallo est certainement en train de regretter son acte. Une leçon à méditer par les escrocs de tout acabit.
El hadj A. B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali