Le commandant en chef du mouvement Yèrèwolo Debout sur les Remparts, Adama Diarra alias Ben Le Cerveau, multiplie depuis quelques temps au cours des sorties publiques, des critiques contre certaines actions des autorités de la transition notamment l’augmentation des budgets de la Présidence et du Conseil national de la Transition. Pour lui, la hausse du budget de la Présidence et de celui du CNT ne se justifie pas, compte tenu de la conjoncture actuelle caractérisée par la cherté de la vie. Adama Diarra s’oppose également à la décision du gouvernement de la transition de rendre obligatoire le port du casque.
Ces sorties suscitent la colère et l’indignation dans le milieu des soutiens des autorités de la transition. Le mardi 15 novembre, une manifestation était organisée à Kati pour réclamer sa destitution pure et simple du CNT. Avant cette marche, la Présidente des Femmes du Camp de Kati, Mme Coulibaly Fatoumata Kéïta, dans une vidéo diffusée par « Maliactu », appelait les autorités de la Transition à faire subir à Ben Le Cerveau le même sort qu’Issa Kaou Ndjim. Elle était accompagnée par des groupes de jeunes et de femmes de Kati.
Un enregistrement audio jugé compromettant pour « Ben Le Cerveau » a fait le tour des réseaux sociaux, le week-end dernier. Vrai ou faux ?
En soutien à « Ben Le Cerveau », ses partisans annoncent une manifestation pacifique ce mardi 22 novembre à travers la ville de Kati. L’intéressé est sorti de son silence et appelle les « forces du changement » à un rassemblement à Koulikoro, ce 19 novembre 2022, date anniversaire de l’arrestation du Président Modibo Kéïta par le CMLN (Comité militaire de libération national. La réponse du berger à la bergère !
Les attaques contre « Ben Le Cerveau » et les ripostes de ses partisans n’augurent rien de bon. Elles creusent davantage de clivage dans les rangs des soutiens de la transition et fragilisent le Président de la Transition et son gouvernement à un moment où le Mali a plus besoin d’union et de cohésion pour faire face à de nombreux défis. La transition est sur une pente plus que glissante. Le pays n’a jamais été aussi menacé de dislocation que ces temps-ci. A cause de nos fuites en avant, de nos divisions internes !
De Ba N’daw à Moctar Ouane sans oublier Dr Choguel Kokalla Maïga, « Ben Le Cerveau » ne s’est jamais privé de son droit de critique sur la gestion des affaires publiques. Quand Ben Le Cerveau tirait à boulets rouges sur Moctar Ouane ou quand il critiquait l’attribution des logements sociaux sous le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, il était applaudi comme un héros. Quand il attaque la France ou la CEDEAO, c’est un patriote. Mais quand il dénonce l’augmentation des budgets de deux institutions dirigées par des militaires ou quand il s’oppose à la décision de rendre le port du casque obligatoire, il joue contre la transition. Quel paradoxe ?
« Ben Le Cerveau » serait-il le prochain crucifié de la Transition en cours au Mali depuis le coup ayant renversé le régime de Feu Ibrahim Boubacar Kéïta ? Difficile d’y répondre.
Méditons ces propos de Pr Issa N’Diaye dans sa tribune de mai 2014 : « Faut-il désespérer du Mali d’IBK ? : Il est illusoire de croire que le Mali est dans une situation pré révolutionnaire même si les conditions objectives semblent favorables. Les conditions subjectives sont loin d’être réunies. L’état de préparation politique, idéologique et organisationnel est plus qu’insuffisant. Le risque d’agitations sociales incontrôlées nous conduira certainement vers un autre coup d’État. Or, l’histoire nous montre largement que les coups d’État ne sont pas une solution. Ils finissent par se retourner toujours contre les forces sociales qui les ont soutenus. Le cas malien ne saurait constituer une exception ».
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger