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Aide-ménagère au Mali : Un emploi qui frise l’esclavage

Pour les tâches ménagères domestiques les foyers maliens font appel aux aide-ménagères ou servantes. Il s’agit de filles qui laissent derrière eux parents et amies pour venir à l’assaut de l’argent dans les grandes villes en vue de continuer à l’effort familial de financement du trousseau de mariage. Malheureusement, les servantes subissent très souvent des maltraitances et sont victimes de sévices commis sur elles par leurs employeuses.

En effet, dans nos sociétés, il est de coutume, qu’après la saison des pluies et pendant les vacances, les familles dans les villages envoient leurs enfants (surtout les filles) en ville à la conquête de leurs trousseaux de mariage. Sans y être préparées moralement, très jeunes, elles se lancent dans l’aventure, sans aucune idée de ce qui les attend dans les grandes villes.

Beaucoup d’entre elles ont la chance de s’en sortir et d’autres pas. Les aide-ménagères sont présentes dans tous les foyers en ville et répondent aux besoins des citadins. Elles sont celles qui se lèvent tôt le matin, avant tout le monde, et se couchent après tout le monde. Elles savent et apprennent à tout faire. Très souvent, elles travaillent presque sans interrompre, de jour comme de nuit, pour des salaires dérisoires pour la plupart. Elles sont parfois le pilier de certains foyers et ne sont malheureusement pas traitées à leur juste valeur. Certaines sont même victimes d’agressions physiques, parfois sexuelles, de la part de leurs employeurs et proches.

Sitan raconte ce qu’elle a vécu il y a quelques années chez un employeur, à l’époque des faits elle avait 15 ans : « je travaillais dans une riche famille à Sotuba ACI, au début tout allait bien avec ma patronne. Plus le temps passait, plus son comportement envers moi changeait, jusqu’au jour où elle m’a battu à sang parce que j’ai fait tomber un verre sans faire exprès». Et de poursuivre : «je n’oublierais jamais ce que j’ai subi».

« Moi, j’ai subi la pire chose qu’une femme ne devrait vivre», témoigne de son côté Madjè, une jeune femme qui confie qu’a l’âge de 14 qu’elle subissait des agressions sexuelles de la part du mari de sa patronne quand celle-ci s’absentait. «Il m’a fait croire que si je ne me laissais pas faire il va me renvoyer et dire à ma patronne que je suis une voleuse. Prise de peur, je me suis laisser faire jusqu’à ce que je quitte leurs maison», dit-elle.

Dans son témoignage les larmes aux yeux, Minata (15 ans) dit avoir été victime de maltraitances qui étaient devenues une habitude pour sa maîtresse. Ne pouvant plus subir toutes les violences qu’elle pour un salaire dérisoire, la fillette réussit à s’enfuir en laissant son salaire chez la dame pour regagner un nouveau foyer où elle s’épanouit.

Comme toutes ces adolescentes, beaucoup d’autres sont marquées à vie par l’irresponsabilité de certains tuteurs. Ils profitent de leur position pour abuser de plus faibles qu’ils sont censés protéger comme si elles étaient leurs propres filles ou sœurs.

Ces actes traduisent, en tout état de cause, les réalités des nombreuses familles où les femmes mariées fuient leurs responsabilités d’épouse pour déverser toutes les tâches sur les pauvres filles. Des femmes qui ne savent plus faire la cuisine ni la vaisselle et même la lessive. Tout revient ainsi aux servantes dont le salaire mensuel varie entre 5000 Fcfa et 25000 Fcfa alors que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 40 000 FCFA par mois au Mali. Et selon l’Article L.95 de la L no 92-020 du 23 septembre 1992 portant du code du Travail du Mali, « à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs, quels que soient leur origine, leur sexe, leur âge et leur statut ». Cet article ne semble pas s’appliquer aux aides ménagères au Mali.

Face à cette situation désespérante pour les domestiques, que font les associations et ONG qui luttent pour les droits de la femme et contre les violences à l’endroit de ces aide-ménagères victimes d’abus de la part de leurs employeurs ?

Aly Poudiougou

Source: Le Témoin

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